Membre de l'équipe canadienne de volleyball aux Universiades, Marie-Sophie Nadeau a emprunté des routes inattendues avant d'atteindre cet échelon. Si sa progression sportive a suivi une courbe ascendante et logique depuis l'école secondaire, ses débuts, eux, ont été assez atypiques.

Aînée d'une famille de sept enfants, l'athlète de 21 ans, qui évolue aujourd'hui avec les Carabins de l'Université de Montréal, a été élevée bien loin des grands complexes sportifs. Elle a vécu ses premières années sur une ferme laitière, à Saint-Aimé, en Montérégie, où elle participait à divers travaux.

«C'était difficile, mais ça forge le caractère, explique-t-elle en entrevue téléphonique. Quand j'étais plus jeune, j'ai toujours été plus physique. Je n'avais pas besoin de faire de la musculation parce que je travaillais avec mon père dans les champs, les balles de foin et puis tout le tralala de la ferme.»

À l'école secondaire, le basketball était son sport de prédilection. Puis, sur les conseils de son professeur d'éducation physique, elle a accepté de participer aux sélections de volleyball même si elle nourrissait quelques préjugés négatifs à l'endroit de la discipline.

«Je n'aimais pas ça et, en plus, ce n'est pas un sport qu'on pratique beaucoup à l'école en région par rapport au soccer ou au baseball. Mais dès que j'ai commencé, j'ai eu la piqûre. C'est peut-être parce que j'étais déjà sportive, mais je suis devenue bonne très rapidement.»

Son parcours témoigne de ses aptitudes. Surclassée d'une catégorie dès la deuxième secondaire, elle a intégré les équipes du Québec l'année suivante. Puis, en quatrième secondaire, et toujours avec une année d'avance par rapport aux autres joueuses de son âge, l'idée d'intégrer un programme sports-études a germé dans son esprit et celui de ses entraîneurs.

De précieux conseils

Direction, donc, l'école du Triolet à Sherbrooke. Dans un milieu plus stimulant, la possibilité de faire carrière dans le volleyball a grandi au fil des entraînements et des rencontres.

«J'ai vu que ça ne m'ennuyait pas de me lever tous les matins pour aller faire du volleyball. Et quand les autres m'expliquaient que j'avais du potentiel, je me suis dit pourquoi m'arrêter là. Je me souviens que Melissa Raymond (sept ans avec l'équipe nationale) était venue nous donner quelques conseils. Rencontrer mon idole m'a donné envie d'aller là où elle s'était rendue.»

La prochaine étape l'a conduite au Collège du Bois-de-Boulogne où, pendant trois saisons, elle a évolué dans le circuit collégial AAA. Figurant parmi les meilleures joueuses, elle a logiquement rejoint les Carabins l'été dernier. L'adaptation s'est avérée fulgurante et a été couronnée par des titres de recrue de l'année, autant à l'échelon canadien que québécois. Son entraîneur, Olivier Trudel, ne tarit pas d'éloges sur son attaquante qui évolue maintenant sur les ailes après avoir débuté au centre.

«Elle est à mes yeux parmi les 5 joueuses du Québec ayant le plus de potentiel que j'ai vues depuis les 10 dernières années. Elle est l'une des rares athlètes de volleyball à combiner une aussi bonne maîtrise du ballon et une si grande puissance de frappe. Son physique (6'1) est aussi un élément important de ses qualités car, malgré son jeune âge, elle a déjà un physique de calibre international.»

Elle goûte justement à ce calibre en participant actuellement aux Universiades, à Shenzhen. Avec deux défaites pour commencer le tournoi, les Canadiennes ont rapidement perdu tout espoir de podium. Elles peuvent néanmoins terminer au neuvième rang en plus d'emmagasiner un maximum d'expérience.

«C'est très le fun d'être en Chine. Cela fait longtemps que je souhaite être dans l'équipe canadienne et voir le calibre international. C'est aussi la première fois que je voyage dans le monde, c'est très gros. J'ai déjà hâte de rentrer à Montréal pour montrer aux autres filles ce que j'ai appris.»

Ses aspirations vont plus loin que ça. À la fin de son aventure avec les Carabins, elle vise la sélection canadienne senior et un crochet par l'Europe pour y être professionnelle «pendant une ou deux saisons».