Que ceux qui prédisaient aux Pirates de Pittsburgh une course au championnat dans la division Centrale de la Ligue nationale en 2011 lèvent la main. Vraiment? Qu'on qualifie immédiatement ces personnes de prophètes... ou de véritables menteuses!

Les Pirates, c'est 18 saisons perdantes consécutives, un triste record du sport professionnel nord-américain. Les derniers succès des Pirates remontent d'ailleurs au temps où un certain Barry Bonds longiligne patrouillait dans le champ gauche au Three Rivers Stadium.

Ça donne une idée.

Les Pirates, c'est également un groupe de joueurs passablement inconnus dont on n'attendait encore absolument rien, sauf peut-être un autre calendrier de misère. L'organisation gère une masse salariale d'environ 45 millions, au 28e rang des grandes ligues.

Mais les Pirates, dans leur version 2011, c'est l'équipe qui dérange. Avant les rencontres d'hier, les hommes en noir et jaune affichaient un dossier de 54-49 (,524), un match et demi derrière les Brewers de Milwaukee, meneurs dans la division Centrale.

Est-il nécessaire de rappeler que nous sommes le 30 juillet, quatre mois après le début de la saison? Demandez aux joueurs des Brewers, des Cardinals de Saint Louis ou des Reds de Cincinnati s'ils pensaient sincèrement avoir les Pirates dans les pattes à la fin du mois de juillet.

S'ils font preuve d'honnêteté, sans cette langue de bois qui caractérise trop souvent les athlètes professionnels, ils vous répondront quelque chose du genre: «Très improbable.» Sans rien casser en attaque, les Pirates font le nécessaire pour gagner des parties, forts d'une bonne défense et appuyés par des lanceurs efficaces. Avant les matchs d'hier, une moyenne de points mérités générale de 3,32 plaçait les représentants de Pittsburgh au cinquième rang de la Ligue nationale, sixièmes dans le baseball majeur.

Des acheteurs?

Les «Bucs», comme on les surnomme (un diminutif de buccaneers ou, en français, boucaniers), font tellement mieux que prévu que le directeur général Neal Huntington pourrait se positionner comme acheteur avant la date limite des transactions, prévue demain.

Pour le principal intéressé, la prudence sera visiblement de mise. «Nous souhaitons réellement améliorer l'équipe, a dit le patron des Pirates sur MLB.com. Mais nous ne voulons pas agir de façon stupide.»

Mais qui sont ces Pirates qui brouillent les cartes, justement? Les «Bucs» sont dirigés depuis novembre par Clint Hurdle, ancien gérant des Rockies du Colorado, qui semble avoir insufflé un vent de changement dans le vestiaire de l'équipe.

Hurdle a remplacé John Russell qui, entre 2008 et 2010, s'est contenté de 186 victoires contre 299 revers (,384) aux commandes du bateau des Pirates.

Rien pour pavoiser, non.

«Les gens l'oublient, mais cette ville vibrait au rythme du baseball bien avant le football ou le hockey, a récemment rappelé Hurdle dans une entrevue au Florida Today. Les partisans, désabusés et cyniques, cherchaient seulement une raison pour revenir au stade et encourager l'équipe.»

Et les amateurs de Pittsburgh reviennent au stade. Les Pirates ont attiré en moyenne 24 456 spectateurs par rencontre au PNC Park, presque 5000 admissions de plus par match que la saison dernière.

Engouement

Outre Hurdle, qu'on considérera sans aucun doute quand viendra le temps de décerner le titre de gérant de l'année dans la Nationale, les Pirates misent sur une bande de loups plus affamés que jamais. Le voltigeur Andrew McCutchen (105 coups sûrs avant l'affrontement d'hier contre Philadelphie), le partant Kevin Correia (12 victoires) et le stoppeur Joel Hanrahan (30 parties sauvegardées) ont représenté la Ligue nationale au match des Étoiles du baseball majeur, le 12 juillet en Arizona.

C'est sans compter la contribution essentielle du joueur de deuxième but Neil Walker (63 points produits) et du partant Jeff Karstens (moyenne de points mérités de 2,41), notamment.

Ces noms ne sonnaient probablement aucune cloche chez l'observateur occasionnel le printemps dernier. On constate maintenant qu'ils circulent avec régularité dans les bulletins d'information sportive. Et pour les bonnes raisons.

Signe indéniable du nouvel engouement généralisé envers les Pirates, ceux-ci ont joué lundi dernier devant les caméras du réseau national américain ESPN. C'était la première fois... depuis 2004.

Assisterait-on finalement au renversement d'une tendance qui pesait trop lourd?