La carrière d'Alexandre Despatie est-elle finie? Un animateur de bulletin télévisé a ouvertement posé la question, lundi soir, après l'annonce du retrait du champion plongeur pour les Championnats du monde de Shanghai, dans un mois. La boîte vocale du principal intéressé a commencé à se remplir peu après. Des amis proches, inquiets, voulaient savoir si c'était vrai.

La réponse est non. «Ce n'est pas du tout une fin de carrière. Je pense qu'ils se sont emballés un peu», a affirmé Despatie en souriant, mardi matin, lors d'un point de presse visant à faire le point sur sa situation.

Après avoir tout mis en oeuvre pour recouvrer la santé en vue des Mondiaux, le plongeur de 26 ans a été forcé de revoir ses plans. Sa décision a été prise il y a un mois avec un mélange de déception et de soulagement.

La déception est triple pour Despatie. Shanghai s'annonçait comme ses sixièmes et derniers Mondiaux. Il comptait s'en servir comme élan vers les Jeux olympiques de Londres. Et il s'agit de la seule occasion de qualification pour les séries mondiales de 2012, épreuves préparatoires idéales pour Londres.

Le soulagement est cependant très grand, car l'échéance de son retour est repoussée à la Coupe du monde de février 2012, à Londres, où il devrait, sans grande difficulté, sécuriser une place pour le Canada à l'épreuve olympique du tremplin de 3 mètres.

Dans le meilleur des mondes, le vice-champion du monde pourra prendre part aux Jeux panaméricains de Guadalajara, au Mexique, en octobre. À condition d'être pleinement remis de la tendinite au genou gauche qui le tient à l'écart des tremplins depuis trois mois.

«Une étape à la fois», a prévenu Despatie, une philosophie qui n'a pas été si facile à adopter pour cet accro à la compétition. «L'important, c'est de guérir les petits bobos. Ce qu'on est en train de faire, sans pression, sans trop forcer, sans vouloir aller trop vite. Le but, c'est de guérir pour être guéri. Pas de guérir pour compétitionner le plus tôt possible.»

Avec le recul, Despatie admet avoir choisi la «mauvaise approche» il y a deux mois en visant au retour au Grand Prix d'Allemagne, fin mai. Dès que son genou le laissait tranquille, il poussait un peu plus, ce qui a entraîné des reculs. Il se souvient de deux moments à l'entraînement où ses jambes ont lâché sous son poids en poussant sur le tremplin. «La douleur est revenue instantanément», s'est rappelé le médaillé d'argent olympique de Pékin.

Jusqu'en septembre

«Un peu désespéré», Despatie s'est rendu une semaine en Italie pour consulter un spécialiste qui travaille auprès de grandes équipes de soccer. Celui-ci a évoqué la possibilité d'une opération.

À son retour à Montréal, le Lavallois en a discuté avec son entraîneur Arturo Miranda. L'idée a été rejetée en raison de la trop grande incertitude entourant la convalescence, qui variait de trois mois à un an selon la littérature scientifique. «Si je me retrouvais dans le groupe de huit mois à un an, ça scrappait un peu le reste de ma carrière.»

Despatie sera donc à l'écart de la piscine jusqu'au mois de septembre. Il travaillera en gymnase avec l'ostéopathe Dave Campbell et le thérapeute Scott Livingston, les deux spécialistes de B2Dix qui sont derrière la rééducation de la championne olympique de bosses Jennifer Heil.

Le plongeur est très heureux de cette collaboration qui remonte à l'été dernier. «Ils sont très impliqués et motivés comme moi. Quand tout va être guéri, ils vont continuer à me suivre. On prend soin des problèmes avant qu'ils se développent, chose que j'avais du mal à trouver avant.»

Alors, Alexandre Despatie sera-t-il aux Jeux olympiques de Londres? «Oui», a-t-il répondu sans hésiter. «Je serai là et je suis persuadé que je serai prêt.»

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Les trois clés de son retour

1. «Maintenir une bonne physique, c'est certain.»

2. «Le travail à partir du moment où je vais retourner dans l'eau sera déterminant.»

3. «De rester positif, de m'en aller vers Londres en étant persuadé que je peux encore l'emporter.»