Hier matin, centre sportif du Parc olympique. Au bout d'un tremplin, Alexandre Despatie poursuit son travail de rééducation. Sur la mezzanine, les nageuses synchronisées Marie-Pier Boudreau-Gagnon et Élise Marcotte sortent du bassin d'entraînement. Dans le hall d'entrée, on croise Krystina Alogbo, capitaine de l'équipe canadienne de water-polo.

Il y a un an, au même endroit, le premier ministre Jean Charest annonçait en grande pompe un investissement de 24 millions de dollars pour la création de l'Institut national du sport du Québec.

En apparence, rien n'a changé depuis. Les mêmes piscines, les mêmes tremplins, la même salle d'entraînement que se partagent plusieurs des meilleurs nageurs, plongeurs, patineurs et joueuses de water-polo du pays.

Mais dans un bureau exigu sous les gradins, les employés du Centre national multisports de Montréal (CNMM) s'activent dans l'ombre pour mettre sur pied l'institut rêvé.

«C'est le projet le plus ambitieux et le plus motivant de ma carrière. Aux jeunes qui rentrent, je dis que ce sera la même chose pour eux», s'enthousiasme Marc Gélinas, récemment promu président et directeur général du CNMM, l'organisme qui voit à la mise en oeuvre de l'Institut. «C'est peut-être le plus grand pas dans le sport au Québec depuis les Jeux olympiques de 1976.»

Les choses avancent-elles assez vite à son goût? «Plus vite!», répond Gélinas, qui a entre autres travaillé à Sport Canada, à Sportcom et au Comité olympique canadien avant d'arriver à la tête du CNMM en juin 2008.

Pourtant, Marc Gélinas et son équipe sont pressés. Ils espèrent que le nouvel Institut sera prêt à ouvrir en janvier 2013. «Au moment où on se parle, c'est encore possible de penser à 2013, dit le PDG. Mais il faut que toutes les choses tombent en place rapidement.»

Gélinas veut éviter ce qu'il appelle le «magasinage» de la part des fédérations sportives. Car sur la scène nationale, trois autres instituts seront mis sur pied: à Calgary, qui ouvrira cette année un nouveau centre à 200 millions au Parc olympique du Canada, en Colombie-Britannique, qui dispose déjà des installations des Jeux de Vancouver et des Jeux du Commonwealth de 1994, et, surtout, à Toronto, qui accueillera les Jeux panaméricains de 2015.

Les nombreux équipements sportifs qui seront construits ou rénovés dans la région métropolitaine torontoise pourraient inciter des fédérations à y installer des centres nationaux d'entraînement.

Bien au fait de ce qui se fait ailleurs, Gélinas parle de «collégialité» et de «rivalité» pour qualifier les relations avec ses homologues. «On veut que le Québec reste un leader au pays», précise-t-il avec un sourire.

À la Régie des installations olympiques, maître d'oeuvre du projet, on refuse de fournir un échéancier précis. Au terme d'un processus d'appel d'offres, la RIO a accordé cette semaine trois contrats pour des plans et devis en architecture, en mécanique et électricité et en structures et surveillance de chantiers.

Qualité et rapidité

Pour l'heure, quatre fédérations nationales et provinciales ont signé une lettre d'entente pour venir s'installer au futur Institut: le judo, le taekwondo, la gymnastique et l'escrime. Ces sports ont été choisis pour leurs chances de succès sur la scène internationale (donc leur capacité à obtenir du financement) et le nombre d'athlètes d'élite provenant du Québec.

L'athlétisme fait aussi partie des plans, mais la piste de 188 mètres, prévue au quatrième étage à l'arrière du Stade, ne sera pas construite tant qu'une solution permanente pour le toit ne sera pas trouvée.

En plus de terrains sportifs aux normes internationales, l'Institut offrira une multitude de services sous un même toit, dont une salle d'entraînement à la fine pointe de la technologie, un laboratoire de nutrition, des aires de repos, un auditorium et un vestiaire «convivial et agréable», où chaque olympien aurait son propre casier identifié. «Pensez à un vestiaire de club de golf», illustre Gélinas.

Après avoir visité des instituts à Paris, en Australie et au Colorado, Gélinas rêve d'offrir des services scientifiques et médicaux de qualité... et surtout rapides. À l'INSEP de Paris, par exemple, un athlète peut obtenir les résultats d'un test sanguin dans la journée.

«Notre objectif est de faire aussi bien, sinon mieux, que ce qui se fait ailleurs dans le monde, à tous les points de vue, dans le contexte et les moyens du Québec», dit Marc Gélinas, pour qui la course contre la montre est déjà commencée.