L'annonce de la construction d'un nouveau Colisée à Québec ouvre un nouveau front de concurrence entre Quebecor et Bell. Les deux géants des télécommunications veulent donner leur nom au futur amphithéâtre et en obtenir les droits de gestion. Pour ce dernier mandat, Bell fait front commun avec evenko, la société de production de spectacles appartenant au Canadien.

Cette nouvelle, d'abord annoncée par Radio-Canada, recoupe les informations obtenues par La Presse au cours des dernières heures. Jeudi, après sa conférence de presse dévoilant les grands axes du projet, le maire de Québec, Régis Labeaume avait affirmé que «de nouveaux clients» se manifestaient dans ce dossier. «Pour être honnête, il y a des consortiums qui se forment», avait-il ajouté.

L'offensive combinée de Bell et d'evenko tombe sous le sens. Bell et Quebecor se livrent une guerre sans merci pour augmenter leur part de marché en téléphonie et en distribution de chaînes télévisées. Dans ce contexte, la firme qui réussira à parrainer le nouveau Colisée obtiendra un avantage concurrentiel important dans le marché de l'Est du Québec.

De son côté, la société evenko produit déjà de nombreux spectacles chaque année dans la région de Québec. Par exemple, le dernier match de la tournée d'adieu de Guy Lafleur, le 27 février au Colisée, est présenté par evenko. L'arrivée de Quebecor priverait evenko de son deuxième marché le plus important au Québec.

Cela dit, Quebecor possède un atout de taille face à ses deux compétiteurs. Elle peut aussi devenir propriétaire d'une éventuelle équipe de la Ligue nationale dans la Vieille Capitale. Bell possède déjà un intérêt minoritaire dans la propriété du Canadien et mise beaucoup sur l'équipe dans ses campagnes de marketing.

Dans ce contexte, il manque donc toujours un joueur à ce consortium pour égaler en qualité l'offre de Quebecor, qui répond à elle seule à l'ensemble des exigences de la Ville de Québec. Les dirigeants de Bell et d'evenko cherchent à s'associer à une autre entreprise intéressée à investir dans l'achat d'une équipe de la LNH. Ce dossier progresse.

Une chose est sûre, selon nos informations: Bell et evenko n'ont aucunement l'objectif d'empêcher le retour de la LNH à Québec. Ils savent fort bien que si leur stratégie allait en ce sens, leur soumission ne franchirait pas la porte du bureau du maire de Québec, pour qui l'accession à la LNH constitue une priorité.

Au plan télévisuel, ce nouveau chapitre met aussi en cause RDS. Lorsque le CRTC aura avalisé la vente des chaînes de télé de CTVglobemedia à Bell, une décision attendue au cours des prochaines semaines, RDS deviendra officiellement propriété de Bell. Si cette entreprise collait son nom au nouvel amphithéâtre, il est clair que la nouvelle chaîne sportive envisagée par Quebecor aurait peu de chances d'obtenir la retransmission des matchs d'une nouvelle équipe à Québec.

L'ensemble de ces éléments fait sûrement le bonheur de M.Labeaume. Si les enchères augmentent, cela réduira d'autant le fardeau financier qui doit être assumé par les contribuables de Québec. Rappelons que M.Yvon Charest, le président d'Industrielle Alliance, une compagnie d'assurances établie à Québec, mène au nom de la Ville de Québec les négociations avec les éventuels

investisseurs du secteur privé.