Quand il s'agit des Jeux du Commonwealth, vaut-il encore la peine de laisser ceux qu'on aime pour aller faire tourner des ballons sur son nez? Les athlètes québécois croient que oui.

On le sait, le comité organisateur des Jeux de New Delhi, en Inde, s'est retrouvé aux prises avec une telle désorganisation qu'il a failli essuyer un boycott généralisé des compétitions qui se dérouleront du 3 au 14 octobre prochains.

Malgré tout, des athlètes comme Alexandre Despatie, Émilie Heymans et Audrey Lacroix estiment toujours que des jeux multisports «régionaux», comme ceux du Commonwealth, ont leur place.

Et ce, malgré le fait qu'il y ait maintenant les Jeux olympiques de la jeunesse pour permettre à la relève de se faire les dents à l'échelle internationale. Sans compter que de plus en plus de sports ont maintenant des championnats du monde, de catégorie senior et junior.

Donc, les occasions de se mesurer aux meilleurs adversaires du reste du monde se multiplient.

Malgré cela, les Jeux du Commonwealth demeurent pertinents, selon Despatie, qui en sera à ses quatrièmes en Inde.

«Je pense que oui. Je pense être bien placé pour en parler», affirme celui qui était devenu la coqueluche des Québécois, à l'âge de 13 ans, à ses premiers Jeux du Commonwealth, à Kuala Lumpur, en Malaisie.

«Ça été une grande étape dans ma carrière, dit le plongeur de 25 ans de sa victoire à la tour de 10 mètres en 1998, ce qui lui avait permis de devenir le plus jeune médaillé dans l'histoire de ces jeux. C'était une des premières fois que je me mesurais aux meilleurs - pas nécessairement tous les meilleurs au monde, mais une partie des meilleurs au monde.

«Ça été une belle étape pour moi dans ma carrière et j'imagine que ça été la même chose pour plusieurs athlètes dans d'autres sports aussi.»

«Pour les athlètes, c'est toujours plaisant de participer à des jeux comme ceux-là, parce que tu vois beaucoup de sports différents, souligne Heymans, qui plongera pour la troisième fois aux Jeux du Commonwealth. L'atmosphère est différente par rapport aux championnats du monde, où tu restes dans un hôtel.

«Ce sont vraiment comme des mini-Jeux olympiques. C'est encore essentiel pour les athlètes, je crois.»

Heymans souligne par ailleurs que dans le cas du plongeon, les Jeux du Commonwealth permettent à des espoirs de se frotter pour la première fois à des vétérans à l'échelle internationale.

«On a le droit à trois personnes par épreuve au lieu de seulement deux, comme c'est le cas aux Jeux olympiques, aux championnats du monde et dans d'autres compétitions majeures. Alors, ça permet à des jeunes d'emmagasiner de l'expérience», indique celle qui a remporté une médaille dans trois Jeux olympiques différents.

«Les Jeux du Commonwealth, c'est vraiment l'occasion de faire sa marque, la place où les jeunes qui sont en pleine progression obtiennent de très bons résultats pour la première fois», note la nageuse et olympienne Audrey Lacroix, qui avait raflé le bronze au 100 m papillon aux Jeux du Commonwealth de 2006 à Melbourne, en Australie.

«C'est la chance pour certains d'aller battre un champion du monde, de le prendre par surprise.

«C'est sûr qu'aux Jeux du Commonwealth, ce n'est pas la même profondeur dans tous les sports, mais en natation c'est quand même assez relevé. Que ce soit les Canadiens, les Anglais ou les Australiens, tout le monde la veut, la médaille. Les athlètes veulent l'avoir à leur palmarès, y compris les champions olympiques et les champions du monde.»

Le résultat, c'est que les athlètes présents, les jeunes surtout, goûtent à un événement de haut niveau qui leur permet d'obtenir une expérience qui leur sera profitable deux ans plus tard, à l'occasion des Jeux olympiques.

«On est un peu dans la même situation (qu'aux JO), acquiesce Lacroix. Il y a un village des athlètes. On est dans des dortoirs, dans un environnement qui n'est pas optimal - contrairement aux championnats du monde, où on dort à l'hôtel et mange au restaurant. Ça permet aux athlètes qui n'ont jamais vécu ça de vivre une expérience qui va les aider, c'est sûr.»

Des Jeux impressionnants

«C'est très impressionnant quand tu es sur place, affirme Julie Sauvé, entraîneure de l'équipe canadienne de nage synchronisée, qui a vécu ses premiers Jeux du Commonwealth en 1998. Ce sont des jeux magnifiques. Ce qui me frappe toujours, c'est de voir les Africains dans leurs costumes traditionnels.»

«L'environnement du village, la cafétéria, les accréditations... Tout ce que tu vis aux Jeux olympiques, tu le vis aux Jeux du Commonwealth, résume Despatie.

«Aussi, pour certains sports qui ne font pas partie du programme des Jeux olympiques, les Jeux du Commonwealth sont leurs Jeux olympiques, ajoute le plongeur vedette, en parlant de sports comme le squash et le boulingrin, entre autres. Pour eux, c'est certain que les Jeux du Commonwealth sont hyper importants.»