En dépit de leurs spectaculaires exploits en séries éliminatoires l'année dernière, rares sont ceux qui donnaient cher de la peau des Cardinals de l'Arizona en septembre. La majorité des experts voyaient plutôt les Seahawks de Seattle au sommet de la division Ouest de la Nationale et, dès leur deuxième défaite de la saison, on les associait déjà à toutes ces équipes finalistes qui se sont écrasées l'année suivante.

Mais voilà que les Cards viennent discrètement de coller trois victoires de suite, dont deux gains convaincants à Seattle et à New York, deux endroits où il n'est jamais facile de gagner. La formation de Ken Whisenhunt demeure invaincue à l'étranger, ce qui n'est pas banal dans le cas de l'un des pires clubs de la NFL à l'étranger depuis des décennies.

Pendant que les Seahawks continuent de décevoir et que le ballon des 49ers de San Francisco se dégonfle, les Cardinals s'affirment encore comme l'équipe à battre dans la division.

Les Cards ont inscrit au moins 24 points à chacune de leurs quatre victoires, mais le jeu de la défense compte pour beaucoup dans ce bon début de saison. L'unité occupe le 15e rang pour le nombre de verges accordées par match (325,2), mais le septième pour les points (18,2).

L'organisation n'a pas été très active au cours de la saison morte, se contentant principalement d'embaucher Bryant McFadden, un demi de coin que Whisenhunt a bien connu chez les Steelers de Pittsburgh. Alors que l'ailier défensif Antonio Smith connaît un début plutôt tranquille avec les Texans de Houston, qui lui ont consenti un contrat de cinq saisons et 35 millions en mars -, McFadden complète ce qui devrait normalement être une très bonne tertiaire, lui qui a signé une très raisonnable entente de deux saisons pour 10 millions avec les Cards.

Dominique Rodgers-Cromartie est le seul membre du quatuor régulier de la tertiaire qui ne se distingue pas par son jeu physique. McFadden et les demis de sûreté Adrian Wilson et Antrel Rolle font tous partie des six meneurs de l'équipe au chapitre des plaqués, et tous sont solides contre la course.

Il y a cependant matière à amélioration dans la protection contre la passe: les Cards accordent 258 verges par rencontre, ce qui les place au 29e rang de la ligue. Ils ont en revanche réussi sept interceptions, toutes de la tertiaire. Or, c'est d'abord au sol que la défense des Cards s'illustre, elle qui est première pour les verges concédées (trois par course et 67,5 par match). La présence de joueurs robustes dans la tertiaire est un facteur essentiel à cette domination au sol, mais les secondeurs Karlos Dansby, Gerald Hayes et Clark Haggans connaissent tous une très bonne saison.

Les Cards donneraient moins de verges par la passe s'ils parvenaient à exercer plus de pression sur les passeurs adverses. Après avoir égalé la marque de feu Reggie White en récoltant trois sacs au Super Bowl en février, Darnell Dockett n'en a obtenu qu'un à ses six premiers matchs de la saison. Calais Campbell et Bertrand Berry mènent l'équipe avec trois sacs chacun.

La défense joue avec plus d'émotion et de détermination que par le passé, mais l'attaque et l'explosif jeu de passe orchestré par Kurt Warner demeurent la marque de commerce des Cards.

Larry Fitzgerald a connu un départ modeste avant de saisir 19 passes à ses deux derniers matchs et a déjà cinq touchés à son actif, tandis que la ligne n'a concédé que 12 sacs, un rendement plus que convenable pour une unité qui n'inspirait rien de bon à l'amorce du calendrier. Si la recrue Chris Beanie Wells continue de s'améliorer et que les blessures cessent d'ennuyer Anquan Boldin, l'attaque des Cards sera l'une des plus formidables du circuit en deuxième moitié de saison, à n'en point douter.

Whisenhunt et son adjoint, Russ Grimm, ont mené les Cards au premier Super Bowl de leur histoire à seulement leur deuxième saison avec l'équipe; mais, ce qui revêt peut-être encore plus d'importance, les deux hommes semblent avoir réussi à implanter une culture de gagnants dans une formation dont la fiche est de 126-216 depuis qu'elle est déménagée à Phoenix en 1988.