On le sait, Bob Gainey n'aime pas s'enfarger dans les histoires de contrat pendant la saison. C'est une politique de la maison. Un peu comme dire blessure dans le bas du corps au lieu de dire blessure aux genoux, par exemple. C'est comme ça que ça marche au Centre Bell, et on n'y peut strictement rien.

Mais cette fois, Bob Gainey devrait laisser faire ses vieilles habitudes, et se pencher un peu sur la situation contractuelle de Tomas Plekanec.

La situation, la voici: si rien n'est fait, le joueur tchèque sera libre comme l'air le 1er juillet.

Je sais bien que le 1er juillet, c'est encore très loin. Je sais bien qu'il y a des affaires plus pressantes, comme la question du prochain capitaine (au fait, il arrive quoi avec ça?), ou l'identité du gardien pendant le prochain match, et le match d'après. Je sais tout ça.

Le passé vient toutefois nous rappeler que, trop souvent, le Canadien perd de bons soldats sur le marché de l'autonomie. Comment? En laissant traîner les choses, voilà comment. En ce qui concerne le cas de Plekanec, le CH ne peut s'offrir le luxe du temps.

Depuis qu'il ne joue plus comme une fillette (pas besoin de m'écrire, l'expression est de lui, pas de moi), Tomas Plekanec est en feu. Il est le deuxième pointeur du CH cette saison, et s'il maintient ce rythme, il va conclure le calendrier régulier avec une récolte de 75 points, du jamais vu pour lui.

On aime bien taper sur le Canadien quand le sujet du repêchage est abordé, mais Plekanec, choisi au troisième tour en 2001, est le meilleur coup du club au repêchage depuis le début des années 2000 (passons rapidement sur le fait que Bob Gainey n'était pas encore dans la chaise du DG quand c'est arrivé). Et les clubs sérieux s'arrangent pour que leurs meilleurs joueurs n'aient pas envie d'aller voir si l'herbe est plus verte ailleurs.

«Est-ce que nous avons déjà commencé à négocier avec le Canadien? Vous devriez poser la question à Bob Gainey, m'a dit Rick Curran, l'agent de Plekanec, lors d'une récente conversation téléphonique. Je peux vous dire que Tomas n'est pas préoccupé par ça. Ces affaires-là finissent toujours par s'arranger.»

Si Plekanec continue comme ça, ça va effectivement s'arranger, et pas à peu près. Reste à voir si ça va s'arranger à Montréal. Cette saison, le joueur de 26 ans touche 2,7 millions. Une aubaine. Imaginez un peu: un joueur de centre encore jeune qui pourrait se pointer sur le marché de l'autonomie avec ses meilleurs résultats en carrière... Disons que les preneurs seraient assez nombreux.

«Je n'ai pas encore parlé de contrat avec Tomas, m'a aussi dit Rick Curran. Tout ce qui l'intéresse pour le moment, c'est de retrouver la forme qu'il affichait il y a deux ans.»

La bonne nouvelle, en passant: selon Rick Curran, les joueurs du CH adorent la nouvelle direction prise par le club lors de la saison morte. «Et ça donne des gars qui ont le goût de se défoncer pour la cause», a-t-il ajouté.

Aucun doute, Plekanec est de ceux-là. Peu à peu, on revoit le patineur de 2007-2008, celui qui avait enfoncé 69 points en 81 matchs... avant les séries et l'affaire de la fillette, un chapitre moins glorieux qui s'était conclu avec neuf points en 12 matchs.

Au cours des dernières saisons, le Canadien a presque toujours choisi d'ignorer ceux qui étaient sans contrat la saison suivante. Presque chaque fois, ces joueurs en ont profité pour aller voir ailleurs. Le premier cas qui me vient en tête est celui de Mark Streit, qui était prêt à rester ici pour tout juste 3 millions par saison... mais l'offre n'est jamais venue.

Je sais bien que ce n'est pas son style, mais cette fois, Bob Gainey doit prendre le téléphone, appeler Rick Curran, et soumettre une offre durant la saison. Vous savez comment ils sont, les athlètes de haut niveau; plus l'offre se fait attendre et plus ils pensent qu'on les boude. Alors, ils se mettent à rêver à des choses exotiques, comme un gros chèque pour aller jouer à Edmonton ou à Long Island, par exemple.

Allez, Bob. Un petit effort. Le gars s'appelle Rick Curran. J'ai son numéro si tu veux.