Après des années de gestation, l'Institut national du sport du Québec verra enfin le jour au Parc olympique. Le gouvernement du Québec a officialisé mardi un investissement de 24 millions dans la construction et l'aménagement d'un centre d'excellence qui regroupera les meilleurs athlètes, entraîneurs et spécialistes sous un même toit.

En agissant ainsi, le Québec se mettra au diapason de ce qui se fait partout dans le monde, a fait valoir le premier ministre Jean Charest.

«C'est notre façon de rendre hommage aux athlètes, de vous dire merci pour le travail que vous faites», a déclaré M. Charest devant un impressionnant parterre d'athlètes, entraîneurs, administrateurs, scientifiques et spécialistes médico-sportifs.

L'investissement de 24 millions avait déjà été annoncé dans le dernier budget, qui avait fait la manchette pour son austérité. M. Charest n'a pas manqué de se le faire rappeler mardi. «À l'heure des choix, le Québec choisit d'appuyer ses athlètes et entraîneurs de haut niveau», s'est défendu le premier ministre, accompagné pour l'occasion de la ministre de l'Éducation, du Loisir et du Sport, Michelle Courchesne, et de la ministre responsable de la Régie des installations olympiques, Nicole Ménard.

L'Institut logera au Parc olympique. Quatre étages complètement neufs seront construits dans un immense espace libre entre l'actuelle piscine olympique et l'ancien terrain de baseball. On y trouvera entre autres un gymnase multifonctionnel, des plateaux sportifs aux normes internationales, des cliniques, des laboratoires (physiologie, biomécanique, nutrition, préparation mentale), des vestiaires, une aire de repos, une salle de musculation, des bureaux et une salle de cours.

L'escrime, le taekwondo, la gymnastique, le judo et l'athlétisme (sprint) sont les cinq sports ciblés pour occuper ces nouveaux espaces. Ces sports ont été choisis en fonction de leur prévalence au Québec et de leur potentiel de médailles. Ils se joindront à la natation, le water-polo, le plongeon, la nage synchronisée et le patinage de vitesse courte piste, cinq sports qui avaient déjà implanté un centre national d'entraînement dans le Parc olympique. Les responsables prévoient que le nombre d'athlètes «en résidence» passera de 100 à 200.

Guichet unique, économies d'échelle, échanges entre les athlètes, entraîneurs et spécialistes, émulation, arrimage entre le développement scientifique et la pratique: les avantages d'un tel regroupement serait multiples. «Ça nous permettra de trouver des solutions à des problèmes communs», a résumé Danek Nowosielski, directeur de la haute performance à Escrime Canada.

Les meilleurs escrimeurs canadiens ne seront pas mécontents de quitter les locaux exigus du complexe sportif Claude-Robillard. Selon les plans préliminaires, l'Institut comptera pas moins de 18 pistes d'escrime. «Tous les pays ont un centre national... sauf le Canada, a rappelé M. Nowosielski. Nous sommes les derniers (à en avoir un), mais on va les rattraper. Il y a un vent qui souffle.»

En jetant un oeil au dossier de presse, l'entraîneur Daniel St-Hilaire et son sprinter Hank Palmer n'ont pu refréner un sourire ébahi. Une piste d'athlétisme de 188 mètres sera construite au quatrième étage de l'Institut. Élément essentiel pour le sprint, une ligne droite de 140 m est aussi prévue. «On va devenir la Mecque mondiale de l'entraînement hivernal», a prédit Daniel St-Hilaire, entraîneur principal au centre national de développement en sprint et saut de Montréal.

Patrick Esparbès, directeur général de Judo Québec, était partagé entre le déchirement de voir le centre national quitter le club Shidokan et la joie que les judokas puissent enfin accéder à des installations de premier ordre.

«Il y a une magie autour du Shidokan», a rappelé Esparbès, membre de ce club de Notre-Dame-de-Grâce qui a accueilli nul autre que Nicolas Gill, aujourd'hui entraîneur national. «Mais enfin, on va s'entraîner dans des conditions plus adéquates au développement d'athlète de niveau international.»

Si tout se déroule rondement, la construction de l'Institut national du sport du Québec sera complétée en 2012. Le défi sera de ne pas nuire aux athlètes des sports aquatiques en préparation pour les Jeux olympiques de Londres, a souligné Marc Gélinas, directeur général du Centre national multisport de Montréal (CNMM), organisme responsable du projet d'Institut et qui, à terme, s'y fondra.

Le budget opérationnel de l'Institut-CNMM passera éventuellement de 4 à 14 millions de dollars et son nombre d'employés triplera pour atteindre environ 45 personnes. Le gouvernement du Québec s'est déjà engagé à assumer 2,5 millions de ce budget. Les fédérations nationales, le programme À nous le podium et le Comité olympique canadien devront «augmenter leur effort de façon importante», a prévenu la ministre Courchesne.

«Tout ça est en cours de discussions et de négociations, mais ça déroule très rondement», a-t-elle indiqué.

Marc Gélinas souhaite que l'Institut devienne une véritable «locomotive» pour le sport d'élite. «C'est le geste le plus important de l'histoire du Québec en vue de soutenir les athlètes et entraîneurs de haut niveau», a affirmé M. Gélinas.