C'est parce qu'il avait peur d'être «trop émotif» et qu'il se dit déjà très occupé que Guy Laliberté, le grand patron du Cirque du Soleil, a décidé de ne pas se lancer dans la course à l'acquisition du Canadien de Montréal.

Dans une entrevue accordée à La Presse samedi soir, lors de la soirée des combats de l'UFC au Centre Bell, Laliberté a commenté publiquement pour une première fois son refus d'aller plus loin dans le dossier de la vente du Canadien. «J'ai pris une décision d'affaires en ne voulant pas m'impliquer davantage. J'ai des intérêts à Montréal, j'ai des billets à vendre..., a-t-il avoué. Quand le Canadien allait mal à l'époque où Molson était propriétaire, leurs ventes de bière allaient moins bien à ce moment-là. Nous, notre business est ici, et on veut vendre des billets pour nos spectacles. Ça fait partie des éléments à considérer.

«En plus, je ne suis pas sûr que ça me tenterait d'être tenu responsable quand ça va mal pour le Canadien!» a-t-il ajouté.

Sans hésiter, M. Laliberté a reconnu avoir démontré de l'intérêt quand les premières rumeurs concernant la vente possible du club montréalais ont commencé à circuler. Il a étudié le dossier et a pris le temps de discuter affaires avec le propriétaire actuel de l'équipe, George Gillett, qu'il considère comme un ami.

«George est un partenaire d'affaires et un ami, oui... On travaille avec lui au Centre Bell quand on produit nos spectacles ici, on se connaît bien. On a étudié le dossier quand on a su, comme tout le monde, que le Canadien était à vendre. En janvier, on a étudié les possibilités et le contexte, on a analysé tout ça avant la date butoir d'il y a environ deux semaines.

«Je suis un partisan du Canadien... On a tous grandi avec le Canadien, mais en même temps, je suis un homme d'affaires, et je ne peux pas être émotif dans un dossier comme celui-là. Alors, j'en ai parlé avec ma gang, on a décidé de ne pas aller de l'avant avec ça. »

Agenda chargé

Parmi les raisons invoquées par M. Laliberté, il y a la réalité d'un calendrier déjà très chargé pour lui et son équipe ces jours-ci. Avec les spectacles du Cirque qui sont en production, avec les projets en chantier et toute l'énergie qui sera consacrée au 25e anniversaire de la troupe, M. Laliberté se voyait mal se lancer dans une aventure aussi exigeante que celle du CH. «Il faut comprendre qu'on a déjà les mains pleines, a-t-il ajouté. On est pas mal occupés et on a nos priorités, entre autres avec tous les spectacles qu'on produit présentement, en plus du 25e anniversaire... On ne se cachera pas aussi que la crise économique a été un facteur dans notre décision.»

Bien à l'aise avec cette décision, le grand patron du Cirque a formulé le souhait de voir des hommes d'affaires québécois à la tête de l'équipe dans un futur rapproché. «En tant que fan, je souhaite que ce soit des intérêts québécois qui embarquent dans ce dossier-là», a-t-il dit.

Rappelons que, selon un récent sondage de la maison Angus Reid, Guy Laliberté était le deuxième choix des Québécois pour l'achat éventuel du Canadien, lui qui a récolté 12% des appuis dans ce sondage, loin derrière Serge Savard, le grand favori des Québécois dans une proportion de 34%.

Il y a deux jours, Savard déclarait à La Presse qu'il préparait des montages financiers pour des transactions de 250 millions dans le but de faire l'acquisition du Canadien. George Gillett a de son côté déclaré à La Presse qu'il était plutôt à la recherche d'un partenaire minoritaire prêt à injecter 400 millions US dans ses propriétés sportives, dont le Canadien, son écurie de NASCAR et son club de soccer anglais, le Liverpool FC.

Un autre groupe, composé de Pierre Karl Péladeau, Céline Dion, René Angelil et Stephen Bronfman, serait aussi dans la course pour tenter d'acheter le Canadien.