Hermann Ngoudjo et son entourage de Gym se sont réunis, hier, et la conclusion n'étonnera pas ceux qui connaissent le boxeur d'origine camerounaise: il continue. Cet homme n'est pas tuable, comme on dit. Son seuil de résistance à la douleur frise le surnaturel.

Souvenez-vous de son oeil fermé dans le combat précédent contre le Français Souleymane M'Baye, au stade Uniprix. Vendredi dernier, face au Colombien Juan Urango, au Centre Bell, il a fait presque 10 rounds avec une mâchoire fracturée à trois endroits. « Évidemment que ça faisait mal. Je savais qu'un autre coup à la mâchoire serait terrible. Je me suis arrangé pour qu'il ne me frappe plus là. «

Parlez-moi d'avoir des couilles...

Je crois aussi qu'Hermann devrait poursuivre sa carrière. S'il était resté au plancher au troisième round, contre Urango, on n'entendrait plus parler de lui. Mais il a fourni un spectacle fabuleux jusqu'à la fin du combat et les promoteurs n'oublient pas ces choses-là.

Yvon Michel: «Hermann devrait perdre quatre ou cinq rangs au classement. Il reprendra l'entraînement dans deux ou trois mois et devrait se battre dans six ou huit mois. Avec sa plaque de métal pour réparer sa mâchoire, celle-ci ne cassera plus jamais! Ce n'est pas un type de blessure qui menace une carrière. «

Ngoudjo: « Je mange des choses liquides, des soupes... Les médecins m'ont assuré que tout ça allait guérir très bien. Ma femme aussi... «

Il faut savoir que l'épouse d'Hermann est infirmière à l'Hôpital juif de Montréal. « Je suis chanceux, on prend soin de moi à la maison... «

Pour aider à prendre son mal en patience, notre homme se rendra au Cameroun, le mois prochain, pour voir ses parents et ses six frères et soeurs.

Nous n'avons pas fini d'entendre parler d'Hermann Ngoudjo et c'est tant mieux.

Vieillir gaga

Un des avantages du processus de vieillissement, c'est qu'on connaît beaucoup de monde. Il y en a certains qu'on préférerait n'avoir pas connu, mais bon.

En 1984, le Concorde de Montréal, dans la LCF, était l'une des pires équipes de l'histoire du football, tous pays compris. Des défaites de 40-0 ou 55-5 n'étaient pas rares. L'entraîneur-chef et directeur général était un certain Joe Galat.

J'étais affecté à la couverture du Concorde. Un jour, Galat nous a présenté une des ses connaissances qui arrivait de l'organisation des Oilers de Houston, de la NFL. Les Oilers de Houston... ça nous ramène.

Le jeune homme n'avait pas 30 ans et s'appelait Eric Tillman. Il était nommé directeur du personnel football du Concorde, c'est-à-dire super dépisteur.

Un gentil garçon, rouquin, un peu nerd, la main toujours tendue, Call me Eric et tout.

Tillman était « tombé en amour « avec la ville de Montréal. En fait, il passait tous ses temps libres dans des bars de danseuses. Il était « tombé en amour « avec les danseuses de Montréal. On se moquait de lui, on rigolait dans son dos... Un plouc du Texas qui débarque à Sodome et Gomorrhe...

Tillman a fait le tour de la LCF, presque tous les clubs, et il est devenu un monsieur respectable. Il est, à 51 ans, le directeur général des Roughriders de la Saskatchewan et un héros local.

Mardi dernier, il a été accusé d'agression sexuelle sur une fille de 16 ans.

Là, ce n'est plus drôle. On appelle ça vieillir gaga, je pense.

Le grand Peter

On peut toujours compter sur Peter Stastny pour faire les choses pas comme les autres et, surtout, ne pas suivre aveuglément les modes.

Comme joueur des Nordiques, il était rarement d'accord avec son entraîneur et ne se gênait pas pour le dire. Je suis de ceux, nombreux, qui croient que si on l'avait écouté, les Nordiques auraient remporté au moins une fois la Coupe Stanley.

Comme homme - il parlait six langues -, on pouvait difficilement trouver plus intéressant. Et modeste.

Député au Parlement européen, Stastny a tenté récemment de dénoncer les anciens goons du parti communiste toujours au pouvoir en Slovaquie, dont un à la tête de la Fédération de hockey sur glace. Il fallait des couilles...

Voici notre homme qui se porte à la défense de la chasse aux phoques devant le Parlement européen. « Il se raconte toutes sortes de faussetés à ce sujet «, dit-il, ce qui est indéniable, n'en déplaise à Brigitte Bardot et Sir Paul McCartney.

J'imagine Peter en vacances aux Îles-de-la-Madeleine, charmé par le pays et ses gens. Tous ceux qui y sont passés ont été charmés. J'en suis.

Bravo encore, Peter. Celui-là ne me décevra jamais.