Patrick Roy a déjà dit que c'est par la grande porte qu'il reviendrait à Montréal.

Le Canadien l'a pris au pied de la lettre!

Pour la cérémonie qui célébrait le retrait du chandail numéro 33, Roy s'est amené par l'entrée principale du Centre Bell, au milieu des fans qui lui tendaient la main.

Il a descendu les marches, encore au milieu des partisans.

 

Puis, il est finalement arrivé derrière le banc de l'équipe. Là où tout s'était brutalement interrompu le 2 décembre 1995.

«Ce soir, je rentre chez nous», a clamé Roy sous un tonnerre d'applaudissements.

La foule lui a d'ailleurs réservé une ovation de plus de cinq minutes lorsqu'il a foulé le tapis rouge.

«L'accueil du public a été au-delà de ce à quoi j'aurais pu m'attendre», a-t-il confié au terme de la cérémonie.

«Quand j'ai vu Richard Garneau être incapable de placer un mot, j'en ai eu la chair de poule.»

Plusieurs fois, Roy a évoqué la fierté qu'il avait ressentie à jouer devant les partisans du Tricolore.

«Je revis ce soir la même fébrilité qu'en 1984, quand le rêve a pris forme et quand vous m'avez accueilli et m'avez témoigné votre confiance, a dit Roy.

«Merci d'être exigeants, de nous demander de jouer chaque match comme si c'était le dernier», a-t-il lancé.

Les gens le lui ont bien rendu

Hier soir, la symbolique du retour était évidente. Et Roy n'a pas cherché à taire les événements qui ont mené à son départ en 1995.

«Je me souviendrai de ce jour où je suis parti un peu trop vite, sans vous dire au revoir comme je l'aurais voulu, a mentionné Roy.

«Mais je me souviendrai encore plus des moments où nous avons fait trembler le Forum et vibrer Montréal. Je me revois, en 1986 et en 1993, quand on s'est offert le plus beau des trophées, la Coupe Stanley.»

Roy s'est d'ailleurs retourné vers les joueurs du Canadien en martelant les mots «Coupe Stanley».

L'ancien gardien s'est dit chanceux d'avoir pu vivre une soirée de la sorte.

«Au moins, les gens savent maintenant que je n'ai jamais voulu quitter l'équipe de cette façon, a-t-il dit. Ils savent que j'aurais adoré jouer pour le Canadien durant toute ma carrière.»

Une idée de génie

Outre l'entrée symbolique de Roy, l'autre idée de génie aura été d'envoyer sur la patinoire une douzaine d'enfants habillés en gardiens québécois, symbole d'une génération entière influencée par Patrick Roy.

Et ce sont d'ailleurs deux jeunes gardiens, Carey Price et Jaroslav Halak qui, en compagnie de Saku Koivu, sont venus aider Roy à installer la bannière qui allait être hisséeau-dessus du filet du Canadien.

Une larme a-t-elle coulé?

«Non, mais c'est surtout au début, alors que je me levais et que je me rassoyais pendant l'ovation, que je me suis senti dans le trouble!»

Invité à présenter Patrick Roy, son ancien agent et actuel président de l'Avalanche du Colorado, Pierre Lacroix, ne s'est pas éternisé.

«J'ai rarement vu quelqu'un qui dévore la vie avec autant d'intensité, de fougue et de passion», a soutenu Lacroix, qui a pu compter sur Roy pour remporter deux Coupes Stanley.

Mais c'est une anecdote toute montréalaise à laquelle Lacroix a fait référence.

«Lors des séries de 1994, alors que Patrick était à l'hôpital et qu'on devait l'opérer d'urgence, il m'a dit: «Arrange ça comme tu veux, mais sors-moi d'icitte, j'ai une game à gagner à soir!»».

«Il n'y a aucune comparaison entre le retrait de son chandail à Montréal et celui au Colorado», a confié Lacroix en entrevue.

«Avec l'Avalanche, on a consacré une partie de sa carrière alors que la concession en était au début de son histoire.

«Ici, ça s'inscrit dans la continuité de l'histoire centenaire de l'équipe, de la plus grande organisation.»

Un deuil à faire

Il s'agissait seulement du troisième match de la LNH auquel assistait Roy depuis qu'il a accroché ses patins.

«À ma retraite, j'ai eu un deuil à faire et ç'a été extrêmement difficile, a expliqué Casseau. Bob Gainey m'avait dit la même chose lorsqu'il est venu souper chez moi.

«On ne s'amuse pas dans un amphithéâtre car on tente le diable. On se demande si on ne devrait pas effectuer un retour au jeu.»

Maintenant que son grand retour dans la famille du Canadien est concrétisé, aurait-il envie de travailler pour elle?

«Je ne voudrais pas devenir coach du Canadien, a-t-il répondu. Parce que je ne voudrais pas que Carbo perde sa job!

«Je veux qu'il ait une job à vie, il a toujours eu ça dans le sang.»