Pendant que le chassé-croisé Jean Le Cam (VM Matériaux) - Loïc Peyron (Gitana 80), en première et deuxième place, se poursuit, ce sont les conditions météo tout simplement impossibles à prédire qui font jurer nos marins dans une neuvième journée de Vendée Globe qui s'annonce absolument passionnante.

Comme prévu, l'arrivée vers le Pot au noir commence à causer des maux de tête aux meneurs. C'est en effet un groupe de poursuivants revigorés qui a repris beaucoup de miles sur le trio Le Cam, Peyron et Josse dans les dernières 24 heures.

Le groupe de poursuivants formé de Vincent Riou (PRB), Jean Pierre Dick (Paprec Virbac), Armel le Cléac'h (Brit Air) et de Yann Eliès (Generali), qui s'étaient positionnés au large et à l'ouest au sortir du Cap vert, rattrapent comme prévu les meneurs qui eux doivent maintenant se recaler vers l'ouest et empanner régulièrement tout en perdant des miles par l'avant.

Pour Loïc Peyron, la nuit n'a pas été jojo pour une deuxième journée consécutive.

Manque de sommeil, des changements de voile et des empannages à répétition (ces manoeuvres de virages peuvent prendre de 30 à 45 minutes où le bateau n'avance à peu près pas) font que les temps sont physiquement difficiles sur Gitana 80 à l'approche d'un Pot au noir de 300 miles de large, selon les dernières données météo.

Peyron sait parfaitement ce que le Pot au noir peut faire à sa course et il s'en méfie.

Lors de la Transat Jacques-Vabre 2007 (régate en duo entre Le Havre et Salvador de Bahia, au Brésil), il était premier lors de son arrivée au Pot au noir. 24 heures plus tard, il comptait plus de 150 miles de retard sur le reste de la flotte après avoir passé de longues heures sur une mer d'huile à rager et à attendre le vent. Il s'était finalement classé 8ème de la course.

Jean Le Cam, 2ème, joue les fins renards comme à son habitude.

Étant le skipper le plus à l'est hier, son recalage vers l'ouest avec la tête de la flotte aurait normalement dû lui faire perdre pas mal de miles mais le voilà toujours en deuxième place à la suite d'un vent favorable de l'est (normalement le vent où il se situe est toujours dominant de l'ouest) qui ne l'oblige pas à empanner, tout en se recalant.

Il file donc en diagonale vers l'ouest afin de se regrouper avec le paquet en gardant un rythme pour le moins rapide et intimidant.

Vraiment, le bon Jean n'a pas fini de sortir des trucs de son sac... Bizarrement, c'est le marin qui se plaint le moins de la météo actuellement...

>>> Suivez la position des skippers

Sébastien Josse, en 3ème place, expliquait ce matin filer à une vitesse de 10 noeuds après une nuit complète à tourner les manivelles et à faire constamment les manoeuvres nécessaires pour garder le rythme sur ses deux amis placés devant. En fait, il avoue même avoir passé quelque temps à l'arrêt complet plus tôt ce matin donc rien pour aider après une nuit difficile.

Jean-Pierre Dick racontait qu'il devait absolument dormir après la communication radio, totalement épuisé par un transfert de ses voiles de l'avant à l'arrière du bateau pour les rendre plus accessibles (plus de 600 kg de toile) et avoir passer une nuit à l'image de celle des autres concurrents.

Côté lecture de la météo, il se disait pratiquement honteux de manquer son coup régulièrement à lire les modèles qui n'en finissent plus de ne pas se réaliser et faire actuellement de cette course un exercice de voile à vue.

« J'ai rarement vu tant d'imprécision dans les modèles depuis le début de ma carrière, a-t-il dit. Je travaille des heures pour quelque chose qui n'arrive tout simplement pas! »

Le resserrement de la flotte profite aussi à Michel Desjoyeaux (Foncia) qui aura repris plus de 200 miles en 24 heures sur le groupe de tête et qui joue de patience afin de tenter un coup et aller se pointer devant, même si à l'heure actuelle il est toujours à plus de 400 miles nautiques derrière, en 18ème position.

En attendant la suite d'une journée où beaucoup est en jeu et voir le Pot au noir faire des « victimes », je vous propose un petit clip nature-météo savoureux de la part de Vincent Riou (PRB) :

>>> Vincent, son aigle et la météo !

Les positions + retard sur le 1er (miles nautiques)

1- Loïc Peyron-FRA (Gitana Eighty)

2- Jean Le Cam-FRA (VM Matériaux), 22.5

3- Sébastien Josse -FRA (BT), 38.7

4- Jean-Pierre Dick-FRA (Paprec-Virbac), 48.5

5- Armel Le Cléac'h-FRA (Brit Air), 61.0

6- Yann Eliès-FRA (Generali), 61.6

7- Vincent Riou-FRA (PRB), 61.6

8- Mike Golding-GB (Ecover), 92.4

9- Jérémie Beyou-FRA (Delta Dore), 115.5

10- Roland Jourdain-FRA (Veolia Environnement) ,121.1

11- Arnaud Boissières-FR (Akena Verandas), 208.3

12- Brian Thompson-GB (Team Pindar), 222.0

13- Dominique Wavre-SUI (Temenos), 223.7

14- Marc Guillemot-FRA (Safran), 234.4

15- Samantha Davies-GB (Roxy), 238.0

16- Dee Caffari-GB (Aviva), 345.1

17- Stevee White-GB (Toe in Water), 413.7

18- Michel Desjoyeaux-FRA (Foncia), 444.8

19- Jonny Malbon-GB (Artemis), 456.3

20- Una Basurko-ESP (Pakea Bizkaia), 536.9

21- Rich Wilson-USA (Great American), 539.2

22- Raphaël Dinelli-FRA (Océan Vital), 654.6

23- Norbert Sedlacek-AUT (Nauticsport), 871.8

24- Bernard Stamm-SUI (Cheminée Poujoulat), 1190.1

25-Derak Hatfield-CAN (Spirit of Canada), 1601.5

26- Jean-Baptiste Dejeantly-FRA (Maisonneuve), 2070.3

27- Alex Thompson-GB (Hugo Boss), Abandon

28- Kito de Pavent-FRA (Groupe Bel), idem

29- Marc Thiercelin-FRA (DCNS), idem

30- Yannick Bestaven-FRA (Aquarelle.com), idem