La scène dans le vestiaire des joueurs après le premier jour du camp des recrues est typique. Le choix de première ronde est inévitablement submergé de journalistes tandis que les autres jeunes attendent, les bras croisés devant leur vestiaire, au cas où on viendrait leur poser une question.

Le jeune colosse repêché au 22e rang de la première ronde en 2007, Max Pacioretty, était donc le point de mire hier au Centre Bell.

D'autant plus que le premier choix de l'équipe cette année-là, le défenseur Ryan McDonagh, ne peut toujours pas participer à un camp du Canadien, étant toujours lié à son équipe collégiale, les Badgers du Wisconsin.

À un certain moment, hier, un journaliste de la télé s'est retrouvé presque assis sur les cuisses du jeune Thomas Beauregard - sans même s'excuser! - afin de pouvoir recueillir une parcelle de réponse de Pacioretty dans l'exigu vestiaire des recrues.

Beauregard, qui vient de connaître une belle première saison à Cincinnati, dans la Ligue de la Côte Est, après avoir été boudé au repêchage de la LNH, a été d'une politesse extrême. Il n'a pas bougé de façon à ne pas déranger le confrère, sous le regard amusé d'Olivier Latendresse

On peut cependant comprendre tout l'emballement que peut susciter la présence de Pacioretty à Montréal. Il a un talent sûr. Il a brillé de façon étonnante à sa première année à Michigan, dans la NCAA, l'hiver dernier. Il a signé son contrat professionnel cet été alors qu'on ne l'attendait pas avant une autre année. Sans oublier que les attaquants de puissance constituent une denrée rare qui fait rêver et que la direction du CH a déjà mentionné qu'elle le surveillerait de près au camp d'entraînement.

L'entraîneur Guy Carbonneau a été prudent hier dans ses commentaires à l'égard du jeune homme de 6 pieds 2 pouces et 199 livres. Sans doute pour ne pas le mettre sur un piédestal par rapport aux autres, et probablement aussi pour ne pas lui imposer de pression supplémentaire.

Mais vers la fin de l'entretien, il s'est un peu échappé avec nos collègues anglophones. «Il ressemble à un pro en ce moment, a-t-il admis après avoir vanté son gabarit et son coup de patin. On ne peut pas toujours dire ça d'un jeune de 20 ans.»

Pacioretty, lui, montre un aplomb étonnant non seulement sur la glace, mais en entrevue. On l'écoute et on a l'impression d'entendre Mike Komisarek ou Chris Higgins il y a quelques années. Même sérieux dans sa préparation, même assurance tranquille, même habileté à éviter les questions pièges.

On a dû lui demander quinze fois hier s'il ressentait de la pression après avoir entendu le concert d'éloges à son sujet depuis un an. «Je n'ai pas tout entendu, dit-il. Mais ce ne sont que des mots. Je dois faire mes preuves à chaque fois que je suis sur la glace. Quand je lace mes patins, je pense à ce que j'aurai à faire sur la patinoire, pas au reste.»

Pacioretty dit avoir finalement opté pour les rangs professionnels parce qu'il a jugé s'être amélioré suffisamment au cours de la morte saison. «J'ai commencé un tout nouveau programme d'entraînement une semaine après la fin de la saison à Michigan et j'ai fait des progrès rapidement. Quand je me suis présenté au camp de développement de l'équipe (en juillet), j'ai réalisé que je m'améliorais et que je continuerais à le faire à temps pour l'ouverture du camp. J'étais convaincu d'être prêt à passer chez les professionnels. J'ai surtout amélioré ma force et mon endurance dans les jambes. C'est important pour être au maximum pendant une présence de 45 secondes sur la glace.»

Le jeune homme s'est aussi soumis à une diète sévère. «J'ai beaucoup appris à propos de la nutrition cet été. C'est probablement ce qui a été le plus dur. Parfois, tu veux manger davantage mais tu dois respecter le nombre de calories à prendre à chaque repas.»

Selon le plan initial, on s'attend à ce que Pacioretty entame la saison avec les Bulldogs de Hamilton, probablement au sein d'un trio avec un autre jeune de talent, le centre Ben Maxwell. Et qui sait si l'Américain n'imitera pas Sergei Kostitsyn et ne se retrouvera pas à Montréal avant les Fêtes?