Robert Lang n'a pas perdu de temps. Arrivé à Montréal en fin de soirée, dimanche, après une douzaine d'heures de route en provenance de Chicago, la nouvelle acquisition du Canadien était sur la glace du Centre Bell hier.

Non pas qu'il ait patiné avec les recrues de l'équipe, dont le mini-camp commençait hier, mais la majorité des joueurs réguliers du Tricolore ont demandé à la direction de l'équipe de leur prêter la patinoire pour se délier les jambes d'ici l'ouverture du vrai camp, vendredi, et Lang s'est empressé de se joindre à eux, avec son uniforme neuf aux couleurs du CH.

Ils y étaient tous, une vingtaine, à l'exception de Saku Koivu, des frères Kostitsyn, de Georges Laraque, de Josh Gorges et de Ryan O'Byrne.

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Après un court match simulé, le vétéran de 37 ans a rencontré les journalistes et il a fait honneur à sa réputation de gentleman. Souriant, affable, blagueur, Lang est visiblement heureux de se retrouver avec le Canadien.

«C'est la première fois que je me retrouve avec une équipe canadienne et l'expérience sera fantastique, a-t-il lancé dans le corridor jouxtant le vestiaire de l'équipe. Les arénas sont pleins, les gens suivent leur équipe de près, c'est un bel environnement. En plus, le Canadien forme une bonne équipe depuis quelques années. Pour un vétéran comme moi, c'est toujours bien d'arriver avec un club à maturité.»

De toute évidence, Lang, qui a joué pour Los Angeles, Boston, Pittsburgh, Washington, Detroit et Chicago, ne craint pas la pression qui l'attend à Montréal.

«Des craintes? Pourquoi des craintes? C'est un plaisir d'être ici. Regardez les murs, dit-il en pointant les photos illustrant certaines époques glorieuses de l'équipe. Ce sera une grande expérience dans ma carrière. Les jeunes rêvent de jouer pour le Canadien.»

Lang n'est pas Sundin. Mais il n'est pas non plus Bryan Smolinski, celui qu'il remplace et dont il portera le numéro 20. Smolinski était un bon vétéran, mais son talent à l'attaque était plus limité, puisqu'il a connu une seule saison de plus de 60 points en carrière... il y a plus de 13 ans.

Le Tchèque, lui, a obtenu 60 points en une saison à cinq reprises, dont une de 80 points au centre d'Alex Kovalev à Pittsburgh en 2000-2001. Il trônait aussi au premier rang des compteurs de la LNH avec 74 points en 63 matchs lorsque les Red Wings de Detroit ont fait son acquisition des Capitals de Washington, le 27 février 2004.

Ironiquement, le Canadien a tenté de l'acquérir au cours de cette période, mais s'est tourné vers Alex Kovalev lorsque Lang s'est retrouvé à Detroit.

«Je sais, pour l'avoir entendu régulièrement ces dernières années, que le Canadien a tenté de m'obtenir, donc je ne suis pas surpris de me retrouver ici », a par ailleurs admis Lang.

Le rendement de Lang a diminué depuis quelques années, mais il a tout de même obtenu 54 points l'an dernier, seulement deux de moins que le capitaine Koivu, et deux de plus que Christopher Higgins.

Lang, 6'2 et 215 livres, pouvait sembler un peu blasé l'an dernier à Chicago avec une équipe jeune qui n'avait aucun espoir de gagner à court terme, lui qui venait de vivre une expérience totalement différente à Detroit lors des deux saisons précédentes, même s'il ne le dit pas ouvertement.

C'est un joueur sous-estimé, intelligent, qui devra cependant être plus constant et passionné s'il veut aider le Canadien.

Guy Carbonneau, lui, l'accueille à bras ouverts, avec raison. « Je suis extrêmement content. On avait le nom de Robert sur nos listes quand on a identifié nos besoins, même à la fin de la dernière saison.

On cherchait un centre droitier offensif depuis un certain temps. Bryan (Smolinski) a fait ce qu'on lui a demandé l'an dernier, mais Robert est un joueur différent, beaucoup plus offensif. Il nous donne la chance d'avoir trois bons trios offensifs et il est bon sur les mises en jeu. Pour l'équipe adverse, ça va être difficile de couvrir tout le monde avec trois trios offensifs. En plus, des gars comme Bégin, Lapierre, Kostopoulos, Laraque, Dandenault vont nous donner un quatrième trio qui a du caractère. »

L'entraîneur du Canadien aura cependant un joli dilemme. Voudra-t-il réunir Lang à Kovalev, eux qui s'entendaient comme larrons en foire à Pittsburgh ? D'autant plus que Lang avoue ouvertement qu'il aimerait retrouver Kovalev à sa droite.

«J'y pense. Il avait connu une belle saison avec Kovalev mais Alex, Andrei et Tomas ont probablement été notre meilleur trio l'an dernier, alors ce ne serait pas juste pour les deux autres si je les séparais dès le premier jour du camp. On va commencer avec plus ou moins les mêmes trios et on tentera des expériences par la suite.»