Dans ses rêves les plus fous, Joey Saputo ne devait même pas s'imaginer accueillir certains des plus grands clubs du continent au cours de la saison inaugurale du stade qui porte le nom de sa famille.

Pourtant, ça y est. Le club sacré 21 fois champion du Honduras, le CD Olimpia, et l'un des meilleurs du championnat mexicain, l'Atlante FC, fouleront la pelouse du stade Saputo pour y affronter l'Impact, le club dont Joey Saputo occupe la présidence.

«Jouer contre les meilleurs clubs d'Amérique centrale, c'est toute une expérience pour nous», a confié le président pendant un entretien avec La Presse.

C'est une immense fierté pour lui de voir son équipe représenter le Canada. «Je suis très content, parce que nous sommes un des plus vieux clubs canadiens et que nous représentons le pays lors de la toute première Ligue des champions. C'était fait pour arriver comme ça!»

«Il faut mieux jouer»

Si la phase de groupe de la Ligue des champions sera «toute une expérience», disait Joey Saputo, ce sera aussi tout un défi.

Car l'Impact n'amorce sûrement pas le tournoi à la ronde avec le statut de favori. Le club de deuxième division fait face à l'élite mexicaine et hondurienne. Quant au club Joe Public FC, de Trinité-et-Tobago, il a pulvérisé un club de la MLS en ronde préliminaire.

Quelles sont les vraies chances de l'Impact de passer à la ronde suivante ?

«Cinquante-cinquante», répond l'entraîneur chef John Limniatis. Très pragmatique,comme réponse, compte tenu que deux des quatre équipes du groupe de l'Impact passeront en quarts de finale.

Limniatis soutient que l'équipe mexicaine a la meilleure chance de passer. «Je pense qu'on va batailler avec les deux autres équipes pour la deuxième place. Si on joue bien, on est très capables de les battre. Mais au Mexique, ce sera très difficile d'avoir des résultats.»

«Nous n'avons pas bien joué contre le Real Esteli FC, en ronde préliminaire, et nous avons été chanceux, dit pour sa part Joey Saputo. Il faut mieux jouer.»

«On va commencer par le match contre le Joe Public, poursuit M. Saputo. C'est un club battable, selon ce que nous ont dit Peter Byers et Gason Gregory, qui ont affronté ce club auparavant. Après, tout peut arriver.»

Reste que la participation de l'Impact à la compétition est un exploit en soi. «Il faut surtout bien jouer et bien représenter le Canada, soutient Joey Saputo. Après ça, peu importe le résultat, on aura fait ce qu'on avait à faire.»

Un baromètre

Avec les six matchs au calendrier de l'Impact pour la ronde, l'occasion est belle de faire connaître l'équipe, le stade, et la ville. Mais c'est aussi le moment de mesurer où en est l'organisation, et où en sont les partisans.

L'équipe jouera ses trois matchs locaux en automne (le dernier aura lieu le 21 octobre), en milieu de semaine, par des températures qui pourraient être fraîches.

Les enfants sont de retour à l'école et, de l'aveu de Joey Saputo, il sera plus difficile de s'adresser à la clientèle familiale (habituellement visée par l'organisation) pour la vente de billets.

Les billets de saison ne seront pas valides, et ce sont donc environ 13 000 billets qui devront trouver preneur pour chaque rencontre.

«Ça va nous donner une indication jusqu'à quel point Montréal est une ville de soccer», dit M. Saputo.

Le président n'était pas au stade lors de l'affrontement entre le Honduras et le Canada, il y a huit jours. « Mais j'ai entendu dire que l'ambiance était extraordinaire », précise-t-il.

Extraordinaire, le mot est faible, M. Saputo. En tout cas, cela n'avait aucune commune mesure avec l'ambiance qui règne lors des matchs de l'Impact.

«Peut-être que la Ligue des champions va nous aider à développer ce genre de partisans de soccer chez nous», souhaite-t-il.

Une chose est certaine, c'est que les trois nouveaux matchs locaux apporteront des revenus supplémentaires à l'organisation, confirme Joey Saputo. Des revenus qui seront réinjectés dans le soccer québécois et dans le développement du club même. Le conseil d'administration décidera de la répartition de ces nouvelles entrées d'argent.