Raymond Domenech, dans l'oeil du cyclone depuis le fiasco de l'Euro et le cuisant revers contre l'Autriche (3-1), pourra profiter grâce au succès contre la Serbie (2-1) d'un mois de répit, qui devra être studieux, jusqu'au déplacement piège en Roumanie le 11 octobre en qualification du Mondial 2010 (gr7).

Le bilan sera fait après la Roumanie

Jean-Pierre Escalettes, président de la FFF, a répété dans les médias à la fin du match contre la Serbie qu'un bilan serait fait après le match contre la Roumanie, comme cela avait été prévu à l'issue du conseil fédéral du 3 juillet, celui du maintien du sélectionneur à son poste. Domenech n'est donc pas encore sauvé. Il a gagné 30 jours. Sur quels critères sera-t-il jugé? Le bilan chiffré sera-t-il privilégié?

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Domenech se sauvera-t-il seulement s'il remporte six points sur les trois premiers matches de qualification? Une défaite entraînera sans doute sa chute. En cas de nul, les dirigeants de la FFF jetteront certainement un oeil au classement du groupe 7. Cette poule déjoue pour l'heure tous les pronostics. La Lituanie est seule en tête avec six points, tandis que la France est 4e avec trois points, à égalité comptable avec la Serbie, l'Autriche et la... Roumanie. Seules les Iles Féroé n'ont pas de point. Rappelons que les premiers de chaque groupe sont qualifiés directement pour le Mondial 2010. Les huit meilleurs deuxièmes des neuf groupes s'affrontent en barrages aller-retour.

Impopularité

Cette fois, la fracture est là. Les 50 000 spectateurs du Stade de France ont fait la distinction entre le sélectionneur, hué, et les joueurs, applaudis. Étrange ambiance quand Henry a ouvert le score contre la Serbie, salué par des «Domenech démission!» tombant des travées. «Faire abstraction de tout ce qui se passe en dehors du rectangle vert.

Mon objectif c'était ça, je n'entends pas», a commenté l'entraîneur. Mais, autre souci pour lui, les joueurs ne l'ont pas impliqué dans leurs célébrations après les buts marqués. Un journaliste étranger, parlant français avec un accent, lui a posé la question en conférence de presse. «Je ne comprends pas le Serbe... Il y a une autre question?», a esquivé Domenech. Soigner l'image du technicien national reste un gros chantier pour la FFF.

Coaching payant

Parmi les critiques adressées au sélectionneur, sa gestion de l'effectif a souvent été pointée du doigt. Mais le flair est toujours là. Le technicien a réussi un joli coup de poker avec Gourcuff, 22 ans, meneur axial dans un 4-2-3-1 pour sa première titularisation et sa 3e sélection seulement.

Voilà qui rappelle la titularisation de Govou le 6 septembre 2006 contre l'Italie en qualification à l'Euro 2008 (3-1, doublé de l'attaquant lyonnais qui était à l'époque banni en CFA). On pense aussi à Lassana Diarra, milieu de formation titularisé comme latéral droit contre l'Italie à San Siro en qualification de l'Euro 2008 un an plus en septembre 2007. Résultat: 0-0 et un Del Piero muselé par cet arrière droit inattendu.

Mais là où Domenech a marqué des points, c'est en sortant à temps Benzema, transparent, pour le remplacer au retour des vestiaires par un Anelka rageur, auteur du 2e but des Bleus. On est loin des atermoiements de Vienne où le joueur de Chelsea n'était entré qu'à la 82e minute alors que le score était déjà de 3-1 pour les Autrichiens (score final). Domenech a savouré devant la presse en demandant à une journaliste de répéter plus fort sa question mentionnant un coaching payant.