Il y a deux clans bien distincts dans le débat qui fait rage à l'heure actuelle dans la Ligue de hockey junior majeure du Québec: ceux qui ne veulent plus de bagarres sur la glace et ceux qui souhaitent qu'il y en ait encore.

Malgré toutes ses formules creuses, malgré toutes ses nouvelles séries de réglementation pour enrayer la violence sur la glace, il est clair que la LHJMQ ne souhaite pas l'extinction des bagarres.

Je m'étais d'ailleurs fait dire il y a quelques années par un directeur général d'une organisation de la Ligue que dans les «vieux marchés» de la LHJMQ, ça prenait au moins un, sinon deux durs à cuire pour conserver une certaine clientèle.

Il faut reconnaître que la Ligue a fait des progrès énormes au fil des décennies pour diminuer la violence et le nombre de bagarres. L'époque où des équipes comptaient quatre ou cinq durs à cuire, où l'intimidation régnait, est révolue. Et les nouveaux règlements annoncés hier contribueront à protéger encore davantage ceux qui ne souhaitent pas se battre.

Sauf que les bagarres entre joueurs consentants demeurent et des entraîneurs continueront à suggérer subtilement à certains de leurs joueurs de se frotter aux poings à des adversaires pour tester leur courage. Le milieu est ainsi fait.

Le commissaire Gilles Courteau a martelé hier «qu'il y aurait zéro tolérance» envers la violence gratuite. C'est une belle formule. Mais tout est une question d'interprétation. Ceux qui souhaitent l'abolition des bagarres estiment qu'une bataille entre deux joueurs constitue de la violence gratuite. La Ligue et les amateurs de bagarres ont une notion différente de violence gratuite, qu'ils réduisent à des cas d'agression, à des combats simultanés ou planifiés et à des coups vicieux, entre autres.

La NCAA, ce circuit collégial américain qui fournit de plus en plus de joueurs à la Ligue nationale de hockey, a des règlements sévères pour dissuader les joueurs de se battre. Une bagarre, que vous en soyez l'instigateur ou non, entraîne une expulsion du match.

On ne se bat presque pas donc dans la NCAA, d'autant plus que les joueurs portent des protecteurs faciaux complets. Ça n'empêche pas leurs joueurs d'être bien préparés à la LNH, comme en témoignent les succès des Mike Komisarek, Chris Higgins, Martin St.Louis, Jonathan Toews, Dany Heatley et compagnie.

Dans sa série de recommandations, le comité consultatif mis sur pied par Gilles Courteau pour tenter d'enrayer la violence dans la LHJMQ proposait qu'on ajoute à la punition majeure de cinq minutes pour bagarre une punition de 10 minutes d'inconduite au fautif. Donc le joueur qui par exemple jetterait les gants après 10 minutes en première période pourrait revenir au jeu après cinq minutes au deuxième engagement. On est loin de l'expulsion du match.

De toute évidence, c'était trop sévère pour les dirigeants de la Ligue de hockey junior majeure du Québec puisque ce fut la seule proposition qu'ils ont rejeté.

Remarquez qu'ils ont bien le droit de diriger leurs affaires comme ils veulent. D'autant plus que la LNH ne fait rien pour encourager les circuits mineurs à enrayer la bagarre. Mais qu'ils ne viennent plus nous dire qu'ils veulent enrayer les bagarres dans le hockey junior.