Lance Armstrong, qui a annoncé mardi son retour au cyclisme professionnel, après un peu plus de trois ans d'une première retraite prise au soir d'une septième victoire dans le Tour de France, symbolise l'image d'un athlète hors-norme, bien que son intégrité ait été ternie par des suspicions de dopage qu'il a toujours niées.

Volontaire, perfectionniste, exigeant. Même ses (nombreux) détracteurs ont reconnu à l'Américain ces qualités - jusqu'à l'excès - qui ont façonné un personnage unique.

Le cancer qu'il a surmonté voici 12 ans a marqué une rupture. Jusque-là, Armstrong était un cow-boy du peloton, un coureur musculeux issu du triathlon qui voulait se faire une place, fût-ce à coups d'épaule, et visait surtout les grandes courses d'un jour.

À 21 ans et 11 mois, il gagne le Championnat du monde (1993) sur le circuit détrempé d'Oslo. Deux ans plus tard, il émeut le monde en dédiant sa victoire d'étape à Limoges dans le Tour à son coéquipier italien Fabio Casartelli, décédé tragiquement trois jours plus tôt.

Après la lourde thérapie pour soigner la maladie qui a donné lieu à des métastases (poumon, tâches au cerveau), le Texan devient un autre homme. Maniaque du détail, à la recherche de la nouveauté, il décide de se consacrer uniquement au Tour, sur les conseils du Belge Johan Bruyneel devenu son directeur sportif.

Pour atteindre son objectif, Armstrong s'entoure d'une équipe qui lui est toute dévouée. La méthode dupliquée à son équipe se révèle implacable. Aucun de ses adversaires ne rivalise en intelligence, en détermination, en professionnalisme. Son ascendant n'en finit pas de grandir, son autorité aussi.

Mystérieux

Dans le Tour 1999, Armstrong s'impose dans tous les secteurs. Dans les contre-la-montre, il roule plus fort après avoir modifié sa position sur le vélo. Dans les cols, il grimpe plus vite en adoptant une cadence de pédalage très élevée.

Pendant six autres années, le Texan appliquera la même recette. Il dictera sa loi dans le premier «chrono» et distancera ses rivaux dans la première arrivée au sommet. À chaque fois, c'est le KO assuré pour ses victimes.

En parallèle, son aura ne cesse de grandir. L'Amérique raffole de son incroyable histoire. Les marques s'arrachent son image. Armstrong devient l'un des athlètes professionnels les mieux payés de son pays, sujet d'un film à Hollywood en 2006, Toi, moi... et Dupree, dans lequel il joue son propre rôle.

Dans sa vie privée, la naissance de trois enfants (un garçon, deux jumelles) le comble. Après sa séparation avec son épouse Kristin, il aborde un autre monde, plus proche du spectacle. Entre fin 2003 et février 2006, il partage la vie d'une célèbre chanteuse de rock, Sheryl Crow.

Le couple fait la une des magazines, impose de facto une autre image au Tour, américanisée, starifiée. Avec Armstrong, le cyclisme change. Sans se débarrasser pour autant des doutes qui font cortège au Texan, liés à une préparation planifiée mais mystérieuse.

Depuis sa première retraite, Lance Armstrong a été accusé de dopage à de multiples reprises, notamment par le quotidien sportif français L'Équipe, qui a publié le 23 août 2005 une enquête dans laquelle il révèle que six échantillons d'urine d'Armstrong datant du Tour de France 1999 contenaient de l'EPO.

Lance Armstrong a cependant continué à nier avoir pris des produits dopants durant sa carrière. Les échantillons testés étant les B, il était impossible de réaliser d'autres tests.

Quelques jours après ces accusations, il avait indiqué qu'il songeait à revenir à la compétition pour, selon ses dires, «emmerder les Français».

Le 19 juillet 2006, Armstrong avait cependant adouci son discours, déclarant: «J'adore la France, j'adore les Français, j'adore la culture de ce pays», à l'occasion de sa venue sur la Grande Boucle à l'Alpe d'Huez.

Sa participation le 9 août à la Leadville Trail 100, une course de VTT disputée dans le Colorado, sa première depuis sa retraite sportive en 2005, avait lancé la rumeur d'un possible retour d'Armstrong au sein du peloton.