Les soeurs Williams ont livré un combat titanesque, héroïque, épique, mercredi en quart de finale de l'US Open, la cadette Serena prenant le meilleur sur Venus 7-6 (8/6), 7-6 (9/7) à l'issue d'un match de deux heures trente qui a subjugué les 23 000 spectateurs.

Alors que le tournoi féminin avait jusqu'alors manqué de relief, faisant pâle figure à côté des rebondissements proposés dans le tableau masculin, la partie entre les sisters a été éblouissante, haletante, trépidante. Du grand art, saupoudré de quelques échanges qui resteront dans les annales.

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Et alors que le tennis féminin se cherche une N.1 mondiale, qui sera désignée à l'issue du tournoi, les Williams, médaillées d'or à Pékin en double, ont montré qu'elles étaient les seules jeunes femmes à pouvoir élever le jeu à un tel niveau d'engagement, de puissance et de spectacle.

En demi-finale, vendredi, la cadette rencontrera la Russe Dinara Safina, à laquelle presque tout sourit depuis le mois de mai. «Je ne veux pas sortir en demi-finale, surtout après ce qu'il vient de se passer», a déclaré Serena.

Celle qui a pris sa revanche après la finale perdue contre son aînée à Wimbledon a arraché ce match en défendant chaque balle comme si sa vie en dépendait. Venus s'est ainsi procurée dix balles de set, deux dans la première manche et huit (!) dans la seconde, sans jamais en concrétiser une.

Même dans le jeu décisif du deuxième set, la cadette des Williams s'est battue comme un lionne, au prix de contorsions pas possibles, pour sauver quatre balles qui l'auraient envoyée au troisième set. «Je ne sais pas pourquoi mais les points ne sont pas venus. Serena a bien retourné, intelligemment, a déclaré Venus. Je n'ai jamais joué une rencontre comme ça dans ma vie. Contre une autre joueuse, j'aurais gagné ce match.»

«Je pensais vraiment que ça irait en trois sets et que j'irai changer ma robe après le deuxième parce que je transpirais tellement», a même raconté la petite soeur.

«Je serai N.1 mondiale»

Dans ce fameux deuxième bris d'égalité, Venus a mené 6 points à 3. Serena est remonté à 6/6. Venus s'est de nouveau procurée une balle de set à 7/6. Trois points plus tard, elle avait perdu le match... Et pourtant, quelques minutes auparavant, à 5 jeux à 3 en sa faveur alors qu'elle venait de faire le break, l'aînée a mené 40-0 sur son service. Sans gagner la manche...

«Ces points là auraient même dû être des balles de match mais c'est le sport», a soupiré Venus, qui a quand même servi à 201 km/h.

«Venus a fait quelques erreurs qu'elle ne fait pas normalement, a indiqué Serena, qui, interrogée sur le fait de savoir si c'étaient les deux meilleures joueuses du monde qui venaient de s'affronter a répondu «oui» sans complexe. «On a proposé le meilleur jeu jusqu'à présent», a-t-elle dit.

«On aurait aimé se rencontrer en finale mais c'est comme ça, a ajouté Venus. Ce n'est jamais drôle de perdre mais je m'en servirai comme expérience.»

Serena mène désormais 9 à 8 dans les affrontements familiaux. Mais elle ne place pas cet «US Open 2008» en haut de la liste. «Je le mettrai en N.2, juge-t-elle. Notre finale à l'Open d'Australie en 2003 était plus dure encore.»

La cadette est désormais en mission, au nom de la famille. Elle veut inscrire ce patronyme pour la cinquième fois sur le trophée new yorkais. Et vise aussi une autre chose. «Tôt ou tard, je serai N.1 mondiale», assène-t-elle. C'est peut-être pour samedi. Une victoire lui suffira.