Adam van Koeverden feuilletait des magazines dans un aéroport, il y a quatre ans, quand il est tombé sur le numéro spécial des Jeux d'Athènes du Sports Illustrated.

Tournant les pages pour trouver la section traitant des épreuves de kayak, il a constaté que son nom d'apparaissait pas parmi la liste des favoris.

«Je l'ai remis sur le présentoir et me suis dit qu'ils n'y connaissaient rien», se rappelle van Koeverden.

Il marque un point.

Le kayakiste de 26 ans, originaire d'Oakville, en Ontario, a raflé l'or au K1 500 m et le bronze en K1 1000 m, en plus de porter le drapeau canadien lors des cérémonies de clôture des JO de 2004 en vertu de son statut de double médaillé, le seul du Canada en Grèce.

Maintenant, quand les experts parlent des espoirs de médailles pour le Canada au Jeux de Pékin, personne n'ose oublier son nom.

La pression ne l'effraie pas

Il a outrageusement dominé sa discipline jusqu'ici cette saison, remportant cinq des six épreuves de Coupe du monde de K1 auxquelles il a pris part. À Poznan, en Pologne, le mois dernier, il a établi une nouvelle marque mondiale au 500 m en complétant la course en 1:35,630, devenant ainsi le premier pagayeur à passer sous la barre des 96 secondes.

Quand van Koeverden atterrira à Pékin, il sait qu'il se trouvera sous les projecteurs. Bien que d'autres athlètes pourraient être intimidés par ces attentes énormes à son endroit, van Koeverden en redemande.

«Ce genre de pression ne m'effraie pas, a-t-il dit après une séance d'entraînement. Je suis très fier d'être cette personne pour ces Jeux.»

D'ailleurs, il y a quatre ans, van Koeverden en a hérités quelques-uns en dénonçant la mentalité de plusieurs athlètes canadiens qui n'étaient «qu'heureux d'être là». Mais son entraîneur, Scott Oldershaw, affirme que la confiance et ses propres attentes élevées - jumelées à sa préparation physique et à son incroyable capacité de travail - sont ce qui font en sorte qu'il soit l'athlète de pointe qu'il est.

«Quand il était 13e au monde, il croyait qu'il avait sa place sur le podium. Quand il a terminé troisième au 1000 m à Athènes, ce n'était pas suffisant pour lui.»

Le physique de l'emploi

Si van Koeverden éprouve un tant soit peu de crainte, il le cache bien. Mais cette confiance est bien méritée. Il est la combinaison parfaite d'une éthique de travail sans faille et d'un corps capable d'endurer une incroyable charge de travail: silhouette en «V», une capacité cardio-vasculaire digne d'un marathonien ou d'un fondeur et des pulsations cardiaques au repos qui défient toute logique.

Et puis, il y a son appétit sans borne pour le travail, qui laisse pantois ses partenaires.

«Je le regarde aller sur l'eau et c'est l'une des choses les plus impressionnantes qui m'ait été donnée de voir chez un être humain, a déclaré Mark Oldershaw, le fils de Scott, qui est membre de l'équipe de canoë-kayak qui se rendra à Pékin. Je pense que sa force mentale n'a pas d'égal. Je pense qu'il est prêt à tout pour atteindre ses objectifs.»

Une forte délégation canadienne

Van Koeverden sera à la tête d'une très forte délégation canadienne en canoë-kayak, qui prendra part à toutes les 12 épreuves au programme des Jeux de Pékin - une première en 20 ans - et qui pourrait rapporter quelques médailles.

Tout n'est pas dans le sac pour van Koeverden. Sa plus forte opposition devrait venir du Britannique Tim Brabants et du Norvégien Eirik Veraas Larsen. Il y a toutefois un adversaire de moins dont il devra se méfier: son ancien rival d'Athènes, l'Australien Nathan Baggeley, qui a remporté une paire de médailles d'argent en Grèce, ne sera pas en Chine, puisqu'il purge une peine d'emprisonnement en rapport à une histoire de drogues.