Le refus des équipes, officialisé mardi, de renouveler leurs licences ProTour signifie la mort du circuit voulu par l'Union cycliste internationale (UCI) mais auquel s'opposait le Tour de France.

Près de quatre ans d'un conflit de plus en plus aigu entre les grands organisateurs et l'UCI ont abouti à ce résultat. «C'est la fin du ProTour !», a résumé Thierry Cazeneuve, le responsable du Critérium du Dauphiné Libéré, conscient que la licence payée par les organisateurs pour figurer dans ce circuit qui leur garantissait la présence des formations de l'élite était désormais sans objet.

Paradoxalement, l'acte de décès du ProTour, voulu par l'ancien président de l'UCI Hein Verbruggen, a été prononcé par les équipes qui étaient censées en bénéficier. Grâce à une plus longue visibilité (quatre années de licence) et à la garantie de participer aux principales épreuves du calendrier, notamment le Tour de France. A ceci près que les organisateurs du Tour (ASO), soupçonnant d'autres visées, ont toujours refusé ce principe.

La crise, ouverte en septembre 2004, a culminé cette année avec la décision d'ASO de placer Paris-Nice puis le Tour de France hors de l'autorité de l'UCI pour se situer sous l'égide de la Fédération française (FFC). Devant le blocage et l'absence de perspective, les équipes ont choisi de passer outre leurs propres différends à l'instigation de Hans-Michael Holczer, le responsable de Gerolsteiner, pour tenter de trouver une sortie à cette impasse.

«Un énorme chantier»

Plusieurs réunions ont amené à la décision qui sonne comme la fin du ProTour. Les 17 équipes du ProTour présentes sur le Tour de France se sont situées sur la même ligne, tout comme la formation Astana absente du Tour, selon plusieurs participants à la réunion de Pau.

Au-delà du refus de la licence, l'ambition est plus vaste. Jusqu'à ressembler à un putsch contre l'autorité de l'UCI. «Les équipes travaillent au développement d'un nouveau système de l'organisation du cyclisme professionnel», a annoncé un communiqué de leur part précisant qu'un accord a été signé avec les trois organisateurs des trois grands tours (ASO pour la France, RCS pour l'Italie, Unipublic pour l'Espagne).

«Les équipes attendent que l'UCI rejoigne ce projet», ont-elles ajouté. Mais d'ores et déjà, un comité de pilotage (groupes sportifs, organisateurs, fédérations, coureurs à titre consultatif) est en voie de constitution pour mettre en place ce qu'Eric Boyer, président de l'association des équipes, a qualifié d'«énorme chantier».

Ce groupe de travail (les équipes sont représentées par AG2R, Euskaltel, CSC, Silence, Gerolsteiner) définira l'agenda pour que tout soit mis en place dès 2009, une échéance très proche.

L'accord signé avec les organisateurs porte notamment sur la participation aux épreuves. Mais d'autres sujets essentiels (calendrier, règlement) doivent être précisés, surtout juridiquement.

Quant à l'antidopage, il a suscité cette remarque d'Eric Boyer: «Il reste la priorité absolue et doit être complètement indépendant des équipes et des organisateurs.»

Dans ce bouleversement, 2009 pourrait marquer dans ce sujet hyper-sensible un tournant. Eric Boyer a évoqué cette possibilité: «C'est peut-être l'occasion de tout remettre à plat, d'élaborer des règles qui soient respectées par toutes les équipes, de partir d'un point zéro.»