Alexandre Despatie est un athlète hors norme et il l'a prouvé une fois de plus en remportant une médaille d'argent qui semblait complètement utopique il y a quelques mois à peine.

Il faut que ce garçon ait un talent hors du commun pour parvenir ainsi à livrer une performance proche de la perfection malgré une préparation lourdement hypothéquée par la fracture au pied qui l'a tenu à l'écart des tremplins pendant sept semaines, au printemps.

Mais il faut surtout qu'il ait un tempérament exceptionnel. C'est, plus que n'importe quelle de ses indéniables qualités athlétiques, ce qui distingue Alexandre Despatie de ses pairs.

Quand ça compte, quand la pression est à son comble, un déclic semble se faire dans sa tête. Il est capable de faire abstraction de tout ce qui l'entoure, capable de rebondir même après un mauvais plongeon, ou, comme c'est arrivé cette semaine, après des préliminaires franchement ordinaires (à un certain moment, il s'était retrouvé 21e!).

En fait, s'il y a un thème récurrent dans la carrière de Despatie, c'est cette tendance à devoir descendre au plus bas pour mieux rebondir.

Aux Jeux olympiques d'Athènes, en 2004, il avait bousillé un plongeon lors de la finale, mais avait trouvé en lui la force de réussir ses plongeons suivants pour finalement gagner la médaille d'argent.

En 2005, au Championnat du monde de Montréal, il avait remporté l'or aux tremplins de 1 m et 3 m devant une foule en délire au parc Jean-Drapeau, même s'il avait passé le plus clair de l'année précédente au plus profond d'un blues post-olympique qui désespérait son entraîneur Michel Larouche.

Fin 2006 et début 2007, à quelques mois des Mondiaux de Melbourne, il s'était blessé au cou et au dos et on ne donnait pas cher de ses chances en terre australienne. On se trompait: il a obtenu l'argent, derrière Qin Kai, le médaillé de bronze d'hier.

L'histoire s'est répétée cette année, avec les blessures au dos et au pied qui l'ont contraint à rater toutes les compétitions internationales depuis février. Des athlètes moins solides se seraient laissé abattre. Despatie a semblé au contraire trouver dans les épreuves qu'il a traversées une motivation supplémentaire - ce qui a fait dire au directeur de la haute performance de Plongeon Canada, Mitch Geller, que la fracture au pied du plongeur avait peut-être été «un mal pour un bien».

La meilleure analyse, c'est Despatie lui-même qui l'a livrée: «J'ai toujours été un combattant.» Le genre de combattant qui ne perd pas souvent.

Mine de rien, avec les quatre médailles qu'il a gagnées hier, le Canada se retrouve ce matin au 12e rang du classement des pays pour le total des médailles, avec 13. L'objectif du Comité olympique canadien de finir dans le top 16 mondial semble désormais parfaitement atteignable, surtout que plusieurs athlètes du pays - Adam van Koeverden en K-1 500 m et 1000 m, Karine Sergerie et Sébastien Michaud en taekwondo, Marie-Hélène Prémont en vélo de montagne, pour ne citer que quelques exemples - sont bien placés pour gagner des médailles au cours des prochains jours. Ça valait bien la peine de déprimer la semaine dernière...