Le Comité olympique canadien (COC) a résolument pris le virage de la performance depuis quatre ans. Difficile de trouver mieux qu'Adam van Koeverden pour incarner cette nouvelle philosophie.

Double médaillé aux derniers Jeux olympiques d'Athènes, van Koeverden a été choisi pour agir comme porte-drapeau du Canada à la cérémonie d'ouverture des JO de Pékin, a annoncé le COC lors de conférences de presse à Montréal et Toronto, hier.

Athlète réputé pour son ardeur à l'entraînement et son désir de vaincre, van Koeverden n'a jamais eu peur d'annoncer ses couleurs. À Pékin, le kayakiste d'Oakville, en Ontario, ne vise rien de moins que deux médailles d'or.

«Je veux gagner et je n'ai pas peur de le dire, a déclaré van Koeverden en vidéoconférence lorsqu'il a été questionné sur son ton résolu et assuré. Mais une affirmation comme «Je veux gagner» est considérée comme très forte au Canada, ce qui est plutôt étrange. Je n'ai jamais dit que gagner est tout ce qui compte ou que c'est la chose la plus importante. Tout ce que j'ai dit, c'est que gagner est la raison pour laquelle on prend part à une compétition. Ça ne devrait pas être considéré comme inusité de vouloir faire bonne figure aux Jeux olympiques.»

Van Koeverden s'est dit «très honoré» de sa sélection, que la chef de mission Sylvie Bernier a eu la délicatesse de lui annoncer en personne au terme d'un entraînement à Ottawa la semaine dernière. «C'est un privilège incroyable», a indiqué l'athlète de 26 ans, qui s'exprimait dans son kayak, sur les eaux brouillées du Burloak Canoe Club.

Le champion du monde en titre du K-1 500 mètres, invaincu sur 500 m l'an dernier, succède au judoka Nicolas Gill (2004) et à la kayakiste Caroline Brunet (2000). Faisant preuve d'humilité, l'athlète de 26 ans a souligné qu'il se considérait davantage comme un «représentant» des 331 athlètes canadiens qui défileront dans le Stade national de Pékin, le 8 août, qu'un «leader».

«Je serai évidemment le leader parce que je marcherai le premier dans le stade. Mais chaque athlète est un leader et un expert dans son sport respectif, a-t-il noté. Je n'ai pas vraiment de conseils à donner, sinon de ne pas avoir peur d'exprimer vos opinions et de dire ce que vous pensez. Car ces commentaires vont vous revenir et donneront le ton à vos Jeux olympiques.»

Au-delà de l'excellence sportive, van Koeverden a été choisi pour les valeurs sportives qu'il véhicule à travers son implication communautaire, notamment dans l'organisme Right to Play.

Le Trifluvien Richard Dober fils, un coéquipier et un ami du porte-drapeau depuis plus de 10 ans, loue d'ailleurs sa générosité. «Oui, Adam excelle dans son sport et il est l'un des meilleurs athlètes du monde entier. En même temps, il a toujours eu le souci de redonner à son sport. En ce sens, je trouve qu'il représente bien l'attitude de la nouvelle génération d'athlètes, ce qui est excellent», a exprimé Dober, qui participera à ses deuxièmes JO à Pékin.

Quant à la prétendue malédiction du porte-drapeau, qui remonte aux déboires politico-nationalistes de Jean-Luc Brassard à Nagano en 1998, van Koeverden la balaie du revers de la main. Il a rappelé les deux médailles d'or du nageur Alex Baumann, porte-drapeau aux Jeux de Los Angeles en 1984. «Je peux m'accommoder de cette malédiction ! a blagué le porte-drapeau canadien, qui avait joué ce rôle lors de la cérémonie de clôture à Athènes. Je ne suis pas superstitieux. Je sais à quoi m'attendre. Je n'y vois aucun aspect négatif... à part répondre à trois ou quatre questions sur les aspects négatifs.»

Il faudra attendre à la toute fin des JO pour voir si van Koeverden saura éviter la malédiction puisque ses épreuves auront lieu les 22 et 23 août.