Il n'y avait qu'un absent, le Belge Tom Boonen, pour pouvoir faire de l'ombre à Stefan Schumacher mardi à Cholet (ouest), où le puncheur allemand devenu «rouleur-compresseur» a pulvérisé la concurrence.

Crâne rasé et piercing à l'oreille, Schumacher, 26 ans, a avalé l'asphalte tout en puissance, tel un bulldozer, reléguant des spécialistes comme David Millar et Fabian Cancellara à de lointaines secondes, sur seulement 29,5 km.

«C'est un boeuf», dit le Français Jérôme Pineau comme on pourrait dire «bourrin». «Et c'était un parcours pour ce type de coureur.»

Mais c'est réduire à peu de choses les qualités du leader de Gerolsteiner, tout premier maillot jaune de son équipe, que de n'en faire qu'un coureur qui emmène de gros braquets dans des belles lignes droites.

Au contraire, l'Allemand, puncheur reconnu, a tout de même épinglé l'Amstel Gold Race (2007) et deux étapes du Giro (2006) à son palmarès. «Tout le monde croit qu'il n'est qu'un coureur de classiques mais il a prouvé qu'il savait rouler», soulignait son directeur sportif Hans-Michael Holczer.

Si Schumacher s'avouait «surpris» d'avoir battu Cancellara, le seul coureur dont il a demandé le temps à son directeur sportif durant le chrono, le Suisse se montrait de son côté bien moins étonné: «Schumacher était mon favori avant le chrono, je le connais bien et ce parcours convenait à ses qualités de relanceur.»

Le jaune soleil de son nouveau maillot a pourtant été éclipsé par un... absent, Tom Boonen.

Réputation

Un Boonen interdit de Tour de France par les organisateurs pour un contrôle antidopage qui a révélé la prise de cocaïne. Mais un Schumacher présent au Tour de France après un contrôle aux amphétamines suite à un accident de voiture en octobre.

«J'ai fait une bêtise et je n'en suis pas fier, plaidait Schumacher. Je n'ai rien contre Boonen et je ne sais pas pourquoi il n'est pas au Tour alors qu'il n'a pas pris une substance interdite par le règlement sportif (hors compétition).»

«Mais nos situations sont différentes, a-t-il dû plaider devant une presse belge un peu dubitative. J'ai subi un contrôle de police parce que j'étais ivre, lui a subi un contrôle antidopage. Il a terni sa réputation comme j'ai terni la mienne.»

L'épisode des amphétamines a provoqué un clash avec Holczer, qui cherche un nouveau parraineur pour l'équipe. «Pendant deux semaines j'étais en guerre avec les juristes, raconte ce dernier. Je voulais que Stefan soit puni.»

Schumacher, qui n'a pas eu le droit de courir avant début mars, a dû payer une forte amende sur contrat d'image. Touché au portefeuille. «Cette histoire est terminée mais je ne tolèrerais pas un autre écart», précise Holczer.

Schumacher, lui, martèle: «J'ai été stupide de boire trop mais je n'ai jamais pris cette substance et je ne veux plus parler de Boonen, je n'ai pas assez d'éléments...»

Ou comment une soirée probablement trop festive en octobre, une semaine après les Championnats du monde, peut venir assombrir le plus beau jour de votre carrière, en juillet.