Michael Johnson y croyait dur comme fer: non, Usain Bolt ne battrait pas son record du monde du 200 m aux Jeux de Pékin. L'Américain était bien le seul à le croire car mercredi, le sprinteur jamaïcain a fait ce que tout le monde prédisait: un titre olympique et le record.

«Je ne crois pas qu'il le (le record du monde) battra ici. Je serai sous le choc s'il le faisait», avait dit Johnson quelques heures avant la finale du 200 m.

Au terme de 19,30 secondes de course supersonique de la part de «Lightnin' Bolt», la «Locomotive de Waco», qui avait établi la marque en 19 sec 32 en 1996, a dû prendre un sacré coup sur la tête!

Contemporaine de Johnson sur les pistes, la Française Marie-Jo Pérec, triple championne olympique, ne s'est elle montrée nullement surprise après coup.

«J'avais dit que s'il allait au bout de sa course, le record du monde tomberait et que Michael Johnson avait du souci à se faire, a souligné la championne olympique du 200 m et 400 m en 1996. Avec son temps sur 100 m, ce n'était pas possible qu'il ne le batte pas s'il ne se relâchait pas».

Sur la piste, Kim Collins, qui a travaillé naguère avec l'actuel entraîneur de Bolt, a vu le phénomène en action.

«Il n'est pas humain, a souligné le champion du monde du 100 m en 2003. Il finira bien par redescendre sur terre. C'est hallucinant. C'est le patron. Quand vous êtes derrière lui, que vous donnez tout ce que vous pouvez et qu'il fait ça, c'est démoralisant. Personne ne peut le rattraper».

«Comme Phelps»

Deuxième derrière Bolt (et après deux disqualifications), Shawn Crawford, qui détenait le titre olympique sur le demi-tour de piste», a vu quelqu'un qui «écrit l'histoire».

«Il est comme Michael Phelps (le nageur vainqueur de huit médailles d'or et de sept records du monde, ndlr), a ajouté l'Américain. Et en plus, c'est un showman. Il danse avant les courses, il injecte un esprit neuf sur le sprint».

À Kingston, les Jamaïcains sont descendus dans les rues pour célébrer le deuxième exploit de leur héros, déjà vainqueur du 100 m avec le record du monde samedi.

Tous ses compatriotes n'étaient pourtant pas heureux, à l'image de Stephen Francis, l'entraîneur d'Asafa Powell, ex-détenteur du record du monde qui, en l'espace de quelques mois, a été balayé par l'ouragan Bolt.

«C'est le meilleur de l'histoire des Jeux olympiques, a dit Francis. Mais je ne passe pas beaucoup de temps à penser à lui, davantage à essayer de le battre».