Jusqu'ici à Pékin, il y a deux types de domination: la domination Michael Phelps, et la domination signée Redeem Team.

Redeem Team, c'est bien sûr le surnom judicieusement accolé aux gars de l'équipe de basket des USA. «Redeem» comme dans se racheter, ce que ces messieurs font de belle façon depuis l'ouverture des Jeux de Pékin.

Il faut savoir que Team USA n'a rien gagné sur la scène du basket international en huit ans. Pour eux, huit ans sans trophée, c'est long. Très long. Imaginez un peu le bordel si nos joueurs de hockey canadien n'avaient rien gagné en huit ans. Don Cherry aurait sûrement exigé la tête du premier ministre, et on aurait eu besoin d'au moins trois commissions d'enquête pour trouver ce qui ne va pas avec notre sport national.

On ne sait trop si les Américains ont enquêté ou non sur leur basket, mais ils ont en tout cas pris soin d'y apporter quelques changements. Le premier, et non le moindre: le travail d'équipe. Qu'ils se nomment Kobe, Melo ou LeBron, tous les mecs de Team USÀ sont débarqués à Pékin après avoir laissé leur ego à la maison. Gros contraste avec Athènes il y a quatre ans Le grand triomphe de l'entraîneur Mike Krzyzewski, il est sans doute là, juste là: avoir réussi à convaincre ces superstars de se fondre en une équipe unie. Et performante.

Car ils ont performé, messieurs les vedettes. Moyenne de 103 points par match depuis le début du tournoi. Moyenne de 32 points d'écart par victoire. À leur dernier match, une claque de 106-57 contre des Allemands pourtant respectables, les Américains semblaient seuls sur le court. «C'est probablement la deuxième meilleure équipe américaine de tous les temps», a commenté le pivot allemand Chris Kamen.

La meilleure, c'est évidemment la Dream Team des Jeux de Barcelone en 1992, cette équipe sacrée qui comprenait la sainte trinité Bird-Magic-Jordan. Mais en 1992, l'univers du basket n'était certes pas ce qu'il est aujourd'hui. La Dream Team était sublime, mais elle n'a jamais vraiment eu à forcer la note contre des adversaires de deuxième ordre, et contre des pays qui commençaient à peine à maîtriser l'art du ballon rond.

Aujourd'hui, la Redeem Team doit faire face à une compétition plus féroce. Malgré tout, ce n'est même pas serré. C'est le massacre. Même quand Kobe rate ses dunks, comme l'autre jour face aux Allemands.

Au basket, les vraies affaires commencent aujourd'hui, avec les quarts de finale. Il ne reste plus que huit équipes au tableau, incluant les Américains, qui se mesurent ce matin aux Australiens. Des Australiens qui devraient se débrouiller un peu mais pas trop.

En fait, la seule équipe qui pourrait arrêter les Américains est l'équipe américaine. Pour que les autres aient une chance, ça va prendre un effondrement total, un écrasement complet de la part de ces stars qui ont décidé de jouer ensemble.

Mais ça risque de ne pas arriver. Parce que cette équipe a choisi de se présenter sur le terrain avec sa boîte à lunch et ses bottes de travail, comme le disent les experts à la télé. Et que peut-on contre une équipe talentueuse qui se présente avec sa boîte à lunch et ses bottes de travail? Pas grand-chose, manifestement.