La finale de beach-volley féminin, sommet glamour de la quinzaine olympique, aurait dû tourner au carnage diluvien sans l'enthousiasme de 12 000 spectateurs qui l'ont finalement sauvée des eaux... malgré la victoire de la paire américaine sur le duo chinois.

Dans les gradins du stade de Chaoyang, ça sent plus le chien mouillé que la crème solaire, le sable colle aux semelles des tongs, il tombe des hallebardes lourdes comme les smashes de Kerri Walsh (ex et néo-championne olympique) et les spectateurs ressemblent à de petits bonbons, tout emballés dans des ponchos de plastic délavé distribués à l'entrée: vert pâle, bleu pâle, rose pâle...

Bref, il ne fait pas temps à mettre une volleyeuse demi-nue dehors. Le thermomètre est à 26°C. Quasi polaire pour Pékin au mois d'août.

Et pourtant, ils sont tous là, les supporteurs qui depuis dix jours font l'impensable succès du beach-volley, cet attribut californien imposé aux jeux Olympiques par la chaîne NBC et délocalisé pour l'occasion dans un parc d'attraction de la banlieue de Pékin. Pas un siège n'est libre où caser un 12.001e petit bonbon pastel.

Zhang Lei est à Chaoyang pour le cinquième jour consécutif. Son anglais est sommaire mais il est malgré tout devenu copain de travée avec son voisin australien, natif de Perth mais fidèle au rang G de Chaoyang lui aussi.

«Je lui ai appris la ola, dit Neil, et il m'a donné une espèce de trompe qui casse les oreilles. Les Chinois n'y connaissent rien mais ils apprécient. Comprendre le beach ce n'est pas compliqué. Et ils sont moins coincés qu'au début.»

Bottes de cow-boy

A en juger par le volume sonore qui s'échappe du stade, on peut le croire. Les permanents de Chaoyang ont vécu onze jours durant un calvaire auditif permanent, à prédominance latino. «On est là aussi pour ça», laisse entendre Zhang Lei. «Il veut dire l'ambiance fête», traduit Neil.

«Les Chinois n'ont pas l'habitude de montrer leur corps ainsi, mais ce n'est pas non plus mal considéré», explique Liu Jiao, volontaire du BOCOG, alors qu'une dizaine de Pékinoises, jupes à franges et bottes de cow-boy, envahissent les demi-terrains pour se trémousser en rythme.

A chaque retour à leur poste, Misty May-Treanor et Kerri Walsh ne peuvent s'empêcher de swinguer elles aussi un coup des hanches, avant de se remettre dans le jeu, les pieds dans la gadoue. Wang Jie et Tian Jia, plus timides, auraient fini par rivaliser si la compétition avait duré deux ou trois jours de plus.

Les matches au fait, leurs résultats du moins, sont finalement très secondaires pour Neil, Lei et les dizaines de milliers de spectateurs, quasiment tous armés d'appareil photo. Jeudi, les Etats-Unis de May-Treanor et Walsh, tenantes du titre, ont battu la Chine de Wang et Tian en deux sets secs mais personne n'est déçu, pas même les perdantes.

«On était relax, explique Tian Jia. On savait qu'elles étaient beaucoup plus fortes que nous, surtout dans les moments importants. On a beaucoup moins d'expérience. Les rencontrer, ça nous a donné une occasion de nous entraîner.» Et de vivre, sous la douche d'août à Pékin, un instant d'un exotisme incommensurable.