Le troisième choc d'affilée entre Roger Federer et Rafael Nadal dimanche à Wimbledon s'annonce comme le plus imprévisible des six duels qui ont opposé les deux champions en finale d'un tournoi du Grand Chelem.

Les parieurs britanniques ont fait le choix de la continuité en mettant dix fois plus d'argent sur le Suisse, quintuple tenant du titre, que sur l'Espagnol chez l'un des plus gros bookmakers de Londres. Sur le terrain, l'affrontement devrait être plus équilibré.

Federer a pour lui l'énorme assurance accumulée lors de sa série record sur gazon: 65 victoires d'affilée depuis sa sortie au premier tour de Wimbledon en 2002 contre Mario Ancic, l'un des adversaires qu'il a écrasés cette année en quarts de finale.

Il peut aussi s'appuyer sur un état de forme revenu à un niveau optimal. Les doutes du début de la saison, nés d'une maladie virale contractée au moment des Fêtes, semblent définitivement dépassés.

Mais au chapitre de la confiance, l'Espagnol n'a pas grand chose à lui envier. Vainqueur de son premier tournoi sur gazon au Queen's juste avant Wimbledon, il joue au maximum de son potentiel sur cette surface.

Le revers de la médaille est que l'insouciance des deux années précédentes, où sa place en finale faisait déjà figure d'exploit, a disparu. A son troisième essai, le Majorquin ne peut plus se satisfaire d'une défaite honorable, voire héroïque, comme celle de l'an passé.

Historique

Il a l'avantage de rester sur une écrasante victoire contre Federer à Roland-Garros, où le Suisse n'avait pris que quatre jeux, mais les deux rivaux ont pris soin de relativiser l'importance de cet antécédent à cause du changement de surface.

Les deux hommes se sont promenés dans des tableaux pourtant pas particulièrement faciles. Difficile de dire lequel a été le plus impressionnant. Federer n'a pas perdu un set face à des adversaires potentiellement coriaces, comme Lleyton Hewitt, Mario Ancic ou Marat Safin, Nadal un seul face au grand espoir letton Ernests Gulbis, mais aucun contre Andy Murray et Mikhaïl Youzhny.

Quel qu'en soit le résultat, l'édition 2008 restera dans l'histoire. Une victoire de Nadal marquerait peut-être la fin de l'ère Federer, une des plus hégémoniques que le jeu ait connue.

Après avoir égalé ses quatre succès d'affilée à Paris, l'Espagnol rejoindrait une nouvelle fois Bjorn Borg dans les livres en réussissant le premier doublé Roland-Garros/Wimbledon depuis celui du Suédois en 1980.

Un succès de Federer le rapprocherait à une unité de deux des records qu'il poursuit, celui des sept victoires à Wimbledon et des quatorze en Grand Chelem, détenus tous les deux par Pete Sampras.

Il serait le premier champion du tennis à l'emporter six fois de suite à Londres. Le seul précédent date de la fin du XIXe siècle, à une époque où le vainqueur était qualifié directement pour la finale de l'édition suivante.