Il s'était dit surmotivé et déterminé à auréoler d'or olympique son grand retour sur les terrains: à des années-lumière de son meilleur niveau, toujours perdu dans le trou noir de sa carrière, Ronaldinho n'aura finalement brillé que par ses absences.

Soyons justes: le capitaine brésilien a livré deux performances de bonne facture aux JO. Contre des foudres de guerre comme la Nouvelle-Zélande (5-0) et la Chine (3-0)... Il a marqué deux buts? Un coup franc, et un penalty.

«Il a retrouvé son sourire, s'était réjoui Dunga après la claque contre les modestes Océaniens. Nous savons tous qu'il n'avait pas joué de match officiel depuis quatre mois, mais ce joueur talentueux a retrouvé sa forme». Le sélectionneur a confondu vitesse et précipitation - notions qu'ignore son N.10.

Car statique dans sa zone de l'axe gauche en soutien de l'avant-centre (Pato puis Rafael Sobis), peu affûté, Ronnie n'a jamais créé le danger contre les adversaires d'envergure, qu'il s'agisse des Camerounais réduits à dix ou des Argentins. Ou alors, encore, seulement sur coup de pied arrêté - coup franc sur le poteau gauche de Romero en demi-finale.

Où est passé le Ballon d'or 2006 et double joueur Fifa de l'année, qui a porté le Barça au sommet avec la conquête de deux Championnats consécutifs et d'une Ligue des champions (2006)? L'homme alliant spectacle et efficacité?

«Brillant avenir»

Le public chinois l'avait pourtant désigné chouchou N.1, ex aequo avec Messi. Et au Village olympique, «nous avons dû former un cercle autour de lui» pour lui éviter de se voir submerger par les demandes d'autographes lors des repas, a raconté son coéquipier Diego.

Mais prompts à s'enflammer bruyamment à chacune de ses apparitions sur les écrans du Stade des Travailleurs et de ses premières touches de balle, les spectateurs allèrent descrescendo mardi dans leur manifestation de soutien, jusqu'à couvrir l'idole déchue d'un silence perplexe voire navré.

Dunga croit en tout cas aux vertus de Phénix de son meneur de jeu, qui a selon lui «un brillant avenir devant lui, et il nous aidera beaucoup dans les matches de qualification à la Coupe du monde». L'entraîneur insiste sur son «exemplarité à l'intérieur et à l'extérieur de l'équipe brésilienne». Comme pour chasser la réputation de noctambule qui colle désormais à son image.

A 28 ans, Dinho a certes pour lui l'expérience (93 sélections, 36 buts) et encore quelques beaux restes: outre son habileté sur coups de pied arrêtés, une technique dans les petits espaces et une protection de balle intactes.

Le niveau du championnat italien, qui démarre le 31 août contre Bologne pour l'AC Milan, en exigera néanmoins certainement davantage. Et pour son nouveau club, hors de question qu'il ne brille que face à Sienne ou Lecce...