L'atmosphère de fête qui pouvait régner à Pékin et dans le reste de la nation chinoise depuis 10 jours, a été abruptement interrompue lundi, tout ça en quelques secondes à peine.

Devant quelque 91 000 spectateurs abasourdis, Liu Xiang, l'étoile chinoise de l'athlétisme, a quitté les Jeux avant même d'avoir franchi la moindre haie et sera donc incapable de défendre le titre qu'il avait acquis il y a quatre ans à Athènes.

Âgé de 25 ans, Liu s'était entraîné à l'abri des regards pendant plusieurs semaines, entretenant l'incertitude sur son état de forme. Il a disputé peu de courses cette saison et au mois de juin son record du monde lui a été ravi par le Cubain Dayron Robles.

Lundi, c'est une blessure à un tendon du pied qui lui a été fatale.

«Nous ne savons pas quand il s'est blessé, a déclaré l'entraîneur de Liu, Sun Haiping. C'est un problème depuis six ou sept ans.»

Dès l'échauffement lundi, l'ancien détenteur du record du monde a semblé gêné. S'arrêtant après deux haies, il s'est accroupi avant de revenir vers la zone de départ. Il a enlevé son maillot rouge avant de le renfiler quelques instants plus tard, un signe de nervosité inhabituel chez un athlète réputé pour son calme.

«Nous avons travaillé dur tous les jours, mais voilà le résultat et c'est dur à encaisser», a déclaré Sun Haiping.

Liu s'est d'abord tenu la jambe droite au moment où il s'est installé dans les blocs. Le départ a été donné et le Chinois, qui inquiétait les observateurs depuis plusieurs mois à cause d'une élongation à la cuisse, a fait quelques mètres en boitant, avant que les athlètes ne soient rappelés à cause d'un faux-départ.

Ce faux-départ n'a disqualifié personne mais Liu a tout de suite compris qu'il n'avait pas les moyens physiques de courir. Il a enlevé l'autocollant sur sa cuisse portant son numéro de couloir avant de s'engouffrer dans le tunnel, ses espoirs de titre et ceux de tout un peuple évanouis avant même qu'il ait pu courir.

Liu n'a pas été la seule victime du jour. L'Américain Terrence Trammell, l'un de ses rivaux potentiels, est bien sorti des blocs, a franchi le premier obstacle avant de s'arrêter, apparemment touché à la jambe gauche. Le champion olympique et son dauphin à Athènes sont donc éliminés sans avoir fini la moindre course.

Avant l'abandon de Liu, Robles avait gagné sa série en 13,39 secondes. Il détient le record du monde en 12,87.

Plus tôt lundi, Usain Bolt est retourné sur la piste d'athlétisme et a poursuivi sa quête d'un triplé en or après s'être qualifié avec aisance pour les quarts de finale du 200 mètres.

Sous un soleil radieux, le champion et recordman mondial du 100 mètres a couru à régime réduit et ne semblait pas déçu d'avoir laissé la première place à Rondell Sorillo, de Trinité-et-Tobago, surtout que les trois premiers de chaque vague passaient automatiquement au deuxième tour.

Ses rivaux américains Shawn Crawford et Wallace Spearmon ont également facilement atteint le deuxième tour, mais Walter Dix, également des États-Unis, a trimé dur pour finalement terminer au deuxième rang de sa vague.

Par ailleurs, le champion du monde en titre Jeremy Wariner et LaShawn Merritt ont commencé à mettre la table pour leur duel tant attendu en finale du 400 mètres. Évoluant dans des vagues différentes, les deux Américains ont franchi la ligne d'arrivée sans trop d'effort, lundi matin, et remporté leurs courses respectives.

«Il n'y a aucune surprise. Il est prêt, je suis prêt, a résumé Merritt. Le temps de la confrontation est arrivé.»

Au triathlon féminin, l'Australienne Emma Snowsill l'a emporté sans trop grande surprise, lundi matin, grâce à un temps de 1h58:27,66, soit plus d'une minute devant la Portugaise Vanessa Fernandes. Emma Moffatt, une autre Australienne, s'est classée troisième quelque 21 secondes derrière Fernandes.