Tout le monde croyait son rêve terminé. Même Michael Phelps.

Mais encore une fois, la nageur américain a tiré les marrons du feu au 100 mètres papillon, devançant par la plus infime des marges le Serbe Milorad Cavic, samedi matin, à l'Aquacube de Pékin. L'Américain de 23 ans a ainsi égalé le record de sept médailles d'or de Mark Spitz.

Grâce à une touche qui passera à l'histoire, Phelps a devancé Cavic d'un centième de seconde. Le «super poisson» a étiré ses longs bras à la limite du possible pour souffler l'or au Serbe. S'il s'était limé les ongles en matinée, c'en était fait de sa quête de huit titres olympiques.

En voyant la confirmation de sa victoire sur le tableau indicateur, Phelps a brandi un poing gauche rageur avant de taper dans l'eau tel King Kong.

«Quand j'ai vu le finish wow! Je suis sans voix. J'ai été chanceux de toucher le mur en premier», a déclaré Phelps, encore à bout de souffle, sur les ondes de NBC.

Cavic, un pur sprinter qui s'entraîne en Floride, est parti comme une flèche. Phelps, davantage préparé pour le demi-fond, a touché le mur septième et avant-dernier, à plus 62 centièmes de seconde du Serbe.

Phelps, en véritable dauphin, a encore profité de son ondulation sous-marine pour refermer l'écart. Puis il est revenu en 26,54 63 centièmes de mieux que Cavic.

«Je n'avais aucune idée où je me situais à la moitié de la distance, a déclaré Phelps à la presse écrite. Heureusement, j'ai été capable de bien finir mes épreuves au cours des deux dernières semaines. Quand j'ai réalisé que je devais faire une demi-traction, a-t-il enchaîné, j'ai pensé que j'avais perdu l'épreuve.»

Même s'il détenait l'avance jusqu'à la toute fin, Cavic savait que son principal rival était à ses trousses. «Je n'ai pas eu besoin de regarder pour voir s'il était là, dit le Serbe. À 15 mètres de la fin, j'ai vu une ombre apparaître dans mes lunettes.»

Malgré le mince écart, Cavic, qui a annoncé sa retraite, ne contestera pas le résultat. «Je n'ai pas l'intention de contester, mais j'ai l'impression que pendant des années, on va me dire que j'ai gagné»

Quelques minutes après la course, les officiels de la Fédération serbe ont logé un protêt auprès de la FINA. Mais après visionnement du ralenti, ils ont reconnu la victoire de Phelps.

Ce dernier s'est fait une spécialité de souffler des victoires au 100 m papillon sur la touche au mur. Il avait fait le coup à son compatriote Ian Crocker aux Jeux olympiques d'Athènes de 2004 et aux derniers Mondiaux de Melbourne de 2007.

Recordman mondial de la spécialité, Crocker a fini quatrième à Pékin à un centième du bronze remporté par le surprenant Australien Andrew Lauterstein, 15e à Melbourne.

Depuis le temps qu'on en parle, Phelps a maintenant égalé Spitz et ses sept titres des JO de Munich de 1972.

«Le plus important pour moi, c'est d'avoir réussi à faire quelque chose que tout le monde croyait impossible, dit-il. Ça prouve que quand on s'y met, tout est possible.»

Pour la première fois depuis le début des Jeux de Pékin, Phelps n'a pas réussi de record mondial. En 1972, Spitz en avait réalisé sept en autant d'épreuves. Avec son temps de 50,58, Phelps établit toutefois une marque olympique.

Phelps tentera maintenant de gravir la dernière marche vers le sommet de l'Olympe avec ses coéquipiers du relais 4 X 100 mètres quatre nages dimanche matin (samedi 22h58 au Québec). Il nagera à nouveau le 100 m papillon.

L'épreuve du relais est largement dominée par les Américains. À Melbourne, ce fut toutefois le seul titre échappé par Phelps, sur la disqualification de Crocker sur un échange en préliminaires.

Ce n'est pas tourner le fer dans la plaie, mais Phelps n'a pas seulement égalé la marque légendaire de Spitz hier à l'Aquacube. En gagnant sa septième médaille d'or à Pékin, ll a surpassé le nombre de titres du Canada... dans toute l'histoire de la natation olympique!

Avec la collaboration de Vincent Brousseau-Pouliot