La question revient constamment : y aura-t-il un jour un golfeur québécois apte à faire bonne figure sur le circuit de la PGA américaine ?

Ces dernières années, des gars comme Carl Desjardins, Dave Kelly et Johann Benson nous ont offert l'espoir d'une réussite possible.

Desjardins a atteint l'étape finale des qualifications de la PGA en 2004 ; Kelly s'est qualifié pour l'Omnium Doral en 2006, tandis que Benson a mérité un laissez-passer, cet été, à l'Omnium des États-Unis.

Mais il faudra sûrement que plusieurs cognent régulièrement à la porte avant d'avoir accès à ce club sélect. L'automne dernier, il y avait d'ailleurs six Québécois aux qualifications de la PGA. Cependant, aucun n'a atteint l'étape finale.

Récemment, on a discuté avec Benoit Hamelin, le directeur général du club Pinegrove, des efforts à faire pour aider la cause des jeunes golfeurs. Comme c'est le cas dans plusieurs clubs privés, les membres sont intéressés à faire leur part.

On doit toutefois réaliser que le processus commence en bas âge alors qu'on doit inculquer le goût de ce sport aux jeunes. À Pinegrove, le meilleur chez les 13 ans et moins est Joey Savoie, qui a gagné cet été le Championnat pee-wee du Québec ainsi que le tournoi Premiers Élans des 13 ans et moins.

Pour Joey, le goût du golf est venu de son grand-père, Jean-Guy Lamarre.

«J'avais seulement 6 ans et il m'amenait jouer des neuf trous sur le parcours Les Légendes, à Saint-Luc, a raconté Joey. De plus, j'apprends beaucoup avec mon oncle Jean-Louis dont les conseils sont faciles à comprendre.»

Vous avez deviné que son oncle Jean-Louis est notre chroniqueur de golf, qui appartient à l'élite dans l'histoire du golf québécois. Dans les tournois de l'AGP, on rencontre régulièrement le fils de Jean-Louis, Iannick, qui a réussi l'exploit l'an dernier de vaincre Mathieu Rivard, considéré comme l'espoir numéro un au Québec chez les amateurs.

On vous cite l'exemple de ces jeunes, mais même s'ils profitent de professeurs émérites, leur cas n'est pas unique. Plusieurs jeunes ont la chance de pouvoir pratiquer ce sport en bas âge grâce à leurs parents. C'est un point de départ qui mène à l'étape suivante, celle de Golf-Études. L'Association des golfeurs professionnels est d'ailleurs fière de son engagement dans ce programme.

À Pinegrove, on a rencontré deux autres jeunes qui poursuivent leur progression dans le golf et leurs études. Il s'agit de Nicolas Archambault, 19 ans, et de Benoit Gordon, 23 ans.

Archambault en est rendu à l'étape collégiale, ayant reçu une bourse d'études de l'Université Penn State. Le jeune homme ne ménage pas les efforts pour faire sa marque dans le golf.

«Pendant la saison estivale, incluant mes rondes de jeu, je consacre 50 heures par semaine à la pratique du golf», a dit Archambault, qui est passé de la 50e à la quatrième place au classement provincial.

Quant à Gordon, il complète sa maîtrise en administration à l'Université de Montréal et détient déjà un baccalauréat acquis au Coker College, en Caroline-du-Sud. Ces deux joueurs ont joui cet été d'un privilège de jeu à Pinegrove.

«C'est le programme Golf-Études au Québec qui m'a ouvert la porte du système collégial aux États-Unis. Je me suis retrouvé avec deux autres Québécois, Vincent Dumouchel et Louis-Pierre Godin, dans un petit collège où j'ai pu obtenir mon baccalauréat avec des notes élevées. Si j'ai eu l'occasion de jouer beaucoup aux États-Unis, je peux dire que l'encadrement est supérieur à l'Université de Montréal où Daniel Langevin est l'entraîneur de l'équipe», a noté Gordon, qui envisage de jouer sur le Circuit canadien la saison prochaine.

«Avant de jouer à ce niveau, il faut penser au budget. On parle d'une somme de 81 000$ qu'on peut réduire à 50 000$ en partageant certaines dépenses avec d'autres golfeurs. Pour le moment, je n'ai pas de commanditaire. Mais les membres à Pinegrove organisent une journée en fin de saison afin de recueillir des fonds», a ajouté Gordon.

Le Circuit canadien, qu'on a l'occasion de voir à l'oeuvre depuis cinq ans à l'Omnium de Montréal, se veut un excellent tremplin pour les aspirants à la PGA américaine. D'ailleurs, Mike Weir est l'un des nombreux membres de la PGA à avoir emprunté cette voie.

«C'est une bonne école avec des tournois de quatre rondes et une élimination au terme de la deuxième. Le calibre est relevé et cela permet d'apprendre en jouant avec des golfeurs de haut niveau», a expliqué Gordon.

Présentement, trois Québécois seulement participent de façon régulière au Circuit canadien: Keven Fortin-Simard, Éric Couture et Johann Benson. Gordon aimerait bien se joindre à ce groupe en 2009.

«Quand tu réussis, les commanditaires cognent à ta porte. Mais c'est en route vers la PGA que les jeunes golfeurs ont le plus besoin de soutien», a déclaré avec justesse Benson, durant son récent passage à l'Omnium de Montréal.