Le français, qui fut «la» langue des Jeux il y a un siècle, est devenu une langue de cérémonie, une étiquette à laquelle on continue à déférer dans les occasions d'élégance, tandis qu'à l'usage il n'est plus que langue seconde, ou tierce, au mieux.»

Ainsi concluait Lise Bissonnette, présidente de Bibliothèque et Archives nationales du Québec, mais surtout Grand Témoin (excusez du peu) de la Francophonie, dans son rapport sur la place du français aux Jeux olympiques de Turin, en 2006.

Deux ans plus tard, comment le français, une des deux langues officielles du mouvement olympique avec l'anglais, se porte-t-il aux JO de Pékin? Il se porte drôle, du moins aux cafétérias du village des médias et du centre de presse principal.

Chaque repas pris dans ces temples de la gastronomie est un délice - pour ma rate qui se dilate sinon pour mes papilles. Le nom de tous les mets est en effet présenté en chinois, en anglais et en français sur de petits cartons bleus. Et les traductions, même si elles sont généralement adéquates, s'avèrent parfois surréalistes.

En entrée, un potage de chou de Chine avec des nouilles de verre (glass noodles) est parfait pour les estomacs blindés. On vous suggère ensuite l'encornet frit profond (deep-fried squid) - c'est du calmar. Trop aventureux pour vous? Rabattez-vous sur le poulet pesto fond (chicken pesto melt), ou alors les brochettes de poulet avec des verts (with greens), sans doute préférables à celles «avec des vers». Arrosez ensuite le tout avec une bonne tasse de «thé de gris de comte», mieux connu en français sous l'appellation «thé Earl Grey».

Je vous laisse là-dessus. J'ai passé la journée à la balle-molle, j'ai chaud et je rêve d'une bonne douche. Ça tombe bien: la femme de chambre m'a laissé un bonnet de douche. Que dis-je: une «douche plafond» (shower cap).