L'AC Milan, privé cette saison d'une Ligue des Champions qui l'a obnubilé deux ans durant au point de le détourner du championnat, a aujourd'hui bien l'intention de reprendre un scudetto qui lui échappe depuis 2004 comme le démontre son recrutement ronflant.

Le club lombard a frappé cet été: Gianluca Zambrotta, le latéral droit champion du monde, Marco Borriello, auteur de 19 buts la saison passée au Genoa, ainsi que le milieu français Mathieu Flamini, qui avait épaté avec Arsenal au printemps dernier, sont désormais Rossoneri.

Mais c'est en attaque que les dirigeants ont fait encore plus fort avec la signature de Ronaldinho et le retour d'Andrei Shevchenko.

Autant de recrues prestigieuses qui viennent se greffer aux cadres que sont les Nesta, Gattuso, Pirlo, Seedorf et autre Kaka, et qui donnent au Milan des allures de club «galactique». Seulement, si un qualificatif du genre aurait été adéquat il y a encore 2 ou 3 ans, ce n'est plus le cas aujourd'hui.

Ronaldinho sort en effet d'une saison pâlichonne à Barcelone, où son génie s'est dilué au fil de ses écarts de conduite. Quant à Shevchenko, ses 24 mois à Chelsea ont été essentiellement passés entre banc et tribunes. Aussi les deux anciens Ballon d'or ont-ils paradoxalement tout à (re)prouver, afin de montrer qu'ils ne sont pas déjà devenus des «has been» à respectivement 28 et 31 ans.

Mais si les deux anciens Ballons d'or parviennent à se retrouver, l'équipe fera à coup sûr très mal, d'autant qu'elle n'aura en sus que la Coupe de l'UEFA à disputer, une épreuve moins dévoreuse d'énergie que la Ligue des Champions.

«Lutter pour le titre»

En tout cas, Adriano Galliani a été très clair: avec un tel recrutement, pas question de viser autre chose qu'un succès en championnat.

«Carlo Ancelotti (l'entraîneur, ndlr) le sait: le Milan est une équipe qui doit lutter pour le titre. On peut aussi perdre, mais à une journée de la fin», a assuré le patron du club, échaudé par les deux dernières saisons où, dès le mois de novembre, l'équipe, plus concernée par son destin européen, était déjà distancée en championnat.

Avec un tel effectif, Ancelotti va néanmoins devoir rivaliser d'ingéniosité et de psychologie pour faire cohabiter tout ce beau monde. C'est en attaque que le casse-tête s'annonce redoutable avec sept internationaux - Seedorf, Inzaghi, Kaka, Pato, Ronaldinho, Shevchenko et Borriello - aux caractères souvent bien trempés pour seulement trois places sur le terrain.

Soucis supplémentaires pour le technicien: le rendement de la défense est tributaire d'un Nesta souvent blessé tandis que chez les gardiens, aucun des trois prétendants - Kalac, Abbiati et Dida - n'offre toutes les garanties de sûreté.

Il n'empêche: l'échec demeure pratiquement interdit. Alors que les autres grosses équipes vont s'époumoner en C1 - Inter, AS Rome, Juventus -, un nouvel échec du Milan en Serie A, qui plus est après les trois scudetti consécutifs des grands rivaux de l'Inter, serait fort mal vécu.