Le Tribunal arbitral du sport (TAS), en jugeant mercredi qu'il n'y avait «aucune obligation de libérer les joueurs» pour le tournoi olympique de Pékin, a donné raison aux trois clubs qui rechignaient à le faire, et désavoué la Fifa, embarrassée à la veille du début de la compétition.

«Le tournoi olympique ne figure pas dans le calendrier officiel de la Fifa, et il n'y a pas de décision du Comité exécutif de la Fifa qui établit une obligation de mettre à disposition des joueurs de moins de 23 ans pour ce tournoi», explique le TAS dans une décision prise à son siège suisse de Lausanne, et non dans sa chambre olympique de Pékin.

«En conséquence, le TAS conclut que Schalke 04, le Werder Brême et le FC Barcelone n'ont aucune obligation de libérer les joueurs Rafinha, Diego et Messi», explique-t-il.

Mais le TAS en appelle aussi expressément «à la bonne volonté et au bon sens des clubs et de la Fifa pour trouver une solution raisonnable permettant aux joueurs qui le veulent de représenter leur pays aux jeux Olympiques».

La Fifa, «surprise et déçue» par la décision mais qui la «respecte», a aussitôt entonné le même refrain de «l'esprit olympique», et renouvelé sa demande à l'égard des clubs, quoique délestés de toute obligation: «Laissez vos joueurs participer aux jeux Olympiques!»

Lundi déjà, en conférence de presse, le président de la Fifa Joseph Blatter avait répété ce credo, martelé depuis plusieurs semaines. Et il avait annoncé une réunion avec le Comité international olympique (CIO) après les Jeux de Pékin «afin de discuter de ce point et de clarifier la situation pour les prochains tournois olympiques de football».

Guérilla juridique

Le CIO de son côté, par la voix de son directeur exécutif Gilbert Felli, s'est dit «triste pour les athlètes, parce que (...) que probablement pour ces athlètes le rêve ne deviendra pas réalité», et a par ailleurs reconnu qu'il y avait «peut-être un manque de clarté à propos du tournoi olympique».

Les deux clubs allemands ont fait savoir qu'ils se concertaient pour élaborer une position commune, tandis que le Barça n'avait pas réagi à 14h00 GMT (10h00 HAE). Le président de la Ligue allemande Holger Hieronymus s'est félicité de ce jugement, regrettant cependant que la Fifa n'ait pas «pris en compte plus tôt les implications de cette décision» qui a affecté la préparation des clubs.

Les clubs peuvent désormais rappeler leurs joueurs, ou poser des conditions. Toujours est-il que le sélectionneur argentin Sergio Batista a affirmé que Messi souhaitait rester en Chine et qu'il jouerait dès mercredi, «et il le fera durant tout le tournoi», soutenu en ce sens par le président de sa fédération, Julio Grondona. Le prodige argentin de 21 ans avait pourtant déclaré fin juillet qu'il se conformerait à la décision du TAS.

Celle-ci met fin - provisoirement ? - à plusieurs semaines de guérilla juridique. Le TAS s'était d'abord déclaré incompétent pour trancher le litige entre le Barça et la sélection olympiques argentine, puisque la Charte olympique ne s'applique pas aux clubs professionnels.

La Fifa, par l'intermédiaire d'un juge unique, avait elle aussi rejeté le recours des trois clubs, faisant valoir «l'obligation» de libérer les joueurs selon le principe du «droit coutumier», d'où l'appel des clubs au TAS.

Le Barça comptait sur Messi pour le 3e tour préliminaire de la Ligue des champions (12-13 et 26-27 août), tandis que Rafinha a manqué le stage d'avant-saison sans prévenir son club, et que Diego a dit craindre pour son avenir en sélection en cas de forfait aux JO.