Pendant que les nageurs européens, australiens, américains et même japonais font frémir les chronomètres depuis le début de l'année, leurs collègues canadiens ont été plutôt discrets.

Pas de records mondiaux. Personne dans le top cinq des classements individuels. Un champion du monde, Brent Hayden, qui traîne au 25e rang des performers 2008. À la veille des Jeux olympiques de Pékin, il n'y pas de quoi pavoiser pour une équipe pourtant en sérieuse remontée depuis les Mondiaux de Montréal, en 2005.

Pierre Lafontaine, le Montréalais qui a pris les rênes de Natation Canada cette année-là, sait bien que le défi qui attend sa jeune équipe est titanesque. Les podiums ne pleuvront pas à Pékin. «Je serais déçu si on revenait sans médaille, mais pas au point de ne pas être fier de mon monde», résumait-il avant son départ pour l'Asie.

Pourtant, l'heure était à l'optimisme lorsque Lafontaine a rencontré un petit groupe de journalistes québécois dans les gradins du spectaculaire Cube d'eau, mardi après-midi, en marge d'un entraînement.

L'avenir est prometteur pour l'équipe de 27 nageurs, dont 21 recrues olympiques, qui revient d'un camp à Singapour aussi relaxant que galvanisant. Le groupe est nettement plus homogène qu'aux derniers JO d'Athènes, où il avait touché le fond. «Mon équipe, ce n'est pas juste Brent Hayden», a insisté Lafontaine.

Avantage psychologique

Les athlètes ont aussi eu quatre mois pour peaufiner leur préparation depuis les sélections de Montréal, où près du tiers des marques nationales ont été améliorées en dépit de l'interdiction des fameuses combinaisons de Speedo. Lorsque les nageurs canadiens monteront sur le bloc de départ enveloppés dans le fameux maillot, Lafontaine est persuadé qu'ils profiteront d'un avantage psychologique sur leurs rivaux les ayant déjà éprouvés.

Lafontaine a fixé un grand objectif à ses nageurs dans ses discours de motivation: une participation à la finale pour les six relais. «Ça fait très longtemps qu'on n'a pas réussi ça dans une grande compétition internationale», a-t-il souligné au sujet de cette recette qui a fait le succès des Australiens il y a quelques années.

Le patron de l'équipe attend aussi une amélioration du classement individuel de chacun. Il a nommé quelques vedettes à surveiller: Hayden, Audrey Lacroix, Erica Morningstar et Annamay Pierse. Il aurait très bien pu ajouter les noms de Ryan Cochrane (surveillez-le bien au 1500 m libre), de Mike Brown ou de Julia Wilkinson.

«Ça prendra la course de leur vie, a reconnu Lafontaine. Mais les autres aussi. Ce n'est pas que nous qui sommes dans le jus. Tout le monde est dans le jus.» Reste à voir qui émergera de ce «jus» chloré.