À presque 50 ans, Jeannie Longo est loin d'être une «mamie» du vélo. Championne de France en titre de contre-la-montre, de la course en ligne sur route et de la poursuite sur piste, la Grenobloise pourrait créer une nouvelle surprise à Pékin, où elle dispute ses septièmes Jeux olympiques.

Inoxydable, la médaillée d'or à Atlanta en 1996 qui a fait ses débuts aux Jeux à Los Angeles en 1984, est allée se préparer dans le Colorado, se frottant à des températures de près de 45 degrés à Denver, histoire de trouver rafraîchissante l'atmosphère lourde et poisseuse de Pékin.

«Je ne crains pas la chaleur mais la climatisation», souligne la Française aux quatre médailles olympiques, aux 13 titres de championne du monde et aux 55 titres de championne de France.

«Une médaille a toujours de la valeur. Si je reviens de Chine avec une médaille, je serai contente», dit-elle.

Toujours adepte d'une préparation particulière, Jeannie Longo, qui ne loge pas au village olympique mais dans un appartement en périphérie de la capitale chinoise, pâtit de cet isolement désiré. Elle doit se contraindre à des aller-retours au village olympique où réside la base technique et médicale de l'équipe cycliste.

«Les Jeux, c'est la seule course aussi mal organisée», peste-t-elle. «On est trop dépendant d'une organisation globale. Je vais devoir faire des plannings pour me rendre au village. On est trop tributaire des navettes et de la circulation.»

Le circuit routier de Pékin, extrêmement usant, devrait convenir aux qualités de battante de la Grenobloise. La partie critique, qui reprend le parcours du contre-la-montre, présente une montée de 11 kilomètres avec des variations de pente de 2 à 9 pour cent environ. De Pékin, le circuit se dirige vers la Grande Muraille de Chine, et présente après l'ascension une descente sur autoroute à quatre voies avec vent de face.

«Cette descente n'avance pas trop si l'on est seul», dit Longo, laissant entendre qu'une échappée semble proscrite sur cette boucle de deux fois 23 kilomètres.

«C'est le parcours que j'avais imaginé», a expliqué la presque quinquagénaire jeudi, au retour du premier entraînement. «La montée est limite grand plateau».

«Il faudra avoir beaucoup de jus», estime Maryline Salvetat, championne du monde de cyclo-cross 2007, qui fait équipe avec Longo et Christel Ferrier-Bruneau. «Si l'on attend que les meilleures mondiales se fassent la guerre, alors se sera trop tard. Il faudra anticiper, c'est-à-dire essayer d'être devant avant que les meilleures s'expliquent».

Si les armadas néerlandaise, allemande et anglaise souffriront de la voilure olympique réduite à trois participantes par nation contre six aux championnats du monde, les Françaises n'ont pas encore connaissance de la stratégie que décidera Patrick Cluzaud le chef d'équipe.

Y aura-t-il course d'équipe? «Je ne suis pas groupie de Jeannie Longo», prévient Maryline Salvetat. «Je ne m'inspire pas d'elle. Elle est très individuelle, je n'ai pas les mêmes centres d'intérêt.»