Privée jusque-là de la moindre médaille lors des Jeux olympiques 2008, la Russie, habituel premier rôle de l'escrime mondiale, a sauvé l'honneur samedi grâce à ces fleurettistes qui ont remporté l'épreuve par équipes en mettant fin à seize ans d'hégémonie italienne.

En finale, les Russes n'ont fait qu'une bouchée des Américaines, invitées surprises de ce dernier rendez-vous féminin à Pékin et pas mécontentes de leur journée.

La Russie s'est imposée 28 à 11, mais elle avait fait le plus dur avant en demi-finale en prenant le meilleur sur l'Italie de Valentina Vezzali (21-20).

Menées pendant toute la rencontre, avec trois à quatre touches de retard, les Italiennes, lauréates des trois derniers titres attribuées (1992, 1996, 2000) avaient failli réussir à coiffer sur le poteau leurs adversaires grâce à l'inévitable Vezzali qui égalisait à 20-20 en toute fin de rencontre, mais s'inclinait à la mort subite.

Battus respectivement en 8e de finale du tournoi individuel par Trillini et Granbassi, Chanaeva et Nikichina avaient bien retenu la leçon: «On savait que les Italiennes seraient nos principales adversaires, on a beaucoup bossé sur leur point fort et regardé des vidéos», a expliqué Chanaeva, membre de l'équipe, championne du monde en 2006 et vice-championne du monde en 2007.

Des Américaines en Hongrie

Les Italiennes, abattues par ce final malheureux qui a donné lieu à des critiques de l'arbitrage, ont su se ressaisir pour offrir un beau cadeau de départ à la retraite de Trillini, 38 ans et championne olympique 1992.

Un bronze que la perfectionniste Vezzali fêtait avec effusion même s'il s'agit de son plus mauvais résultat en trois JO, puisqu'elle compte quatre titres, deux médailles d'argent et désormais une «vulgaire» 3e place.

Les Russes ont mis selon elles fin à «la malchance» qui accablait l'équipe de Russie d'escrime et toute la délégation depuis son arrivée à Pékin: «J'espère que cela va porter chance aux autres athlètes et les inspiraient», a souligné Nikichina, peu désireuse de parler de déclin de l'escrime russe.

Pourtant, avant la dernière épreuve dimanche, le sabre masculin par équipes avec le «tsar» Stanislav Pozdniakov, le bilan russe est maigre avec une seule médaille quand il comptait quatre podiums en 2004 et sept en 1996 dont quatre titres.

Dopées par le succès de leurs copines sabreuses (triplé en individuel, bronze par équipes), les Américaines ont, elles, réussi le meilleur résultat de l'histoire de leur arme.

Si les sabreuses sont entraînées par des spécialistes formés dans les années 1980 en Russie et Pologne, les fleurettistes, elles, sont allées directement en Europe se débarrasser de leurs complexes.

«On a passé plusieurs mois en Hongrie grâce à l'argent que la fédération a mis à notre disposition. Cela explique nos résultats et aussi la cohésion du groupe», a relevé Emily Cross.