Le champion du monde du 100 m Tyson Gay, tout juste remis d'une blessure à l'ischio-jambier, a mis lundi la pression sur ses deux grands rivaux jamaïcains, Usain Bolt et Asafa Powell, à quatre jours des séries de la ligne droite aux jeux Olympiques de Pékin.

«Je ne sais pas comment il (Usain) le prend, mais d'après ce que j'entends, il a beaucoup de pression», a déclaré Gay lors d'une conférence de presse.

«Dans son pays et même ailleurs, les gens s'attendent à ce qu'il remporte l'or. Hier, j'ai parlé avec un Jamaïcain à la cafétéria. Il m'a dit +j'espère que tu ne vas pas nous empêcher de faire le doublé+. Je suis sûr qu'ils ont entendu les mêmes choses. Leur entraîneur (national) veut qu'ils fassent le doublé. Et Asafa attend cette médaille d'or depuis longtemps.»

L'an dernier, Gay avait eu les nerfs les plus solides en finale des Mondiaux. Powell, arrivé en favori en tant que détenteur du record du monde, avait «craqué sous la pression» et terminé seulement 3e.

Depuis, les cartes ont été rebattues avec l'éclosion de Bolt, qui s'est emparé du record du monde du 100 m (9.72) le 31 mai à New York. Powell s'en est presque félicité estimant que cela lui avait retiré une certaine pression.

«Je n'y crois pas trop», a cependant estimé Gay. «Asafa Powell était le détenteur du record du monde et Usain Bolt l'en a dépossédé. Or, c'est quelque chose auquel Asafa Powell tenait beaucoup. Donc je pense qu'il a une petite pression, celle de récupérer le record du monde pour lui-même, son pays, sa famille et ses amis. Et il a une grosse pression, celle de remporter la médaille d'or.»

«Ni douleurs, ni tiraillements»

Gay, qui a fêté ses 26 ans au terme de la cérémonie d'ouverture dans la nuit de vendredi à samedi, a concédé qu'il était lui-même «plus nerveux» qu'avant les Mondiaux de l'an dernier à cause de sa blessure en quart de finale du 200 m des sélections américaines, le 5 juillet .

«Un petit vent de panique a traversé mon esprit quand je me suis blessé, car j'avais vraiment mal», concède-t-il. «Mais, quand je me suis allongé sur le sol, la douleur s'est un peu apaisée. J'étais vraiment contrarié, car il m'était arrivé la même chose en 2004 et même si à l'époque j'étais encore à l'université, je pensais pouvoir me qualifier pour les Jeux. Ces souvenirs me sont revenus à l'esprit.»

Gay se dit aujourd'hui totalement rétabli. «J'ai confiance en mon muscle», a-t-il indiqué, au lendemain d'une séance de sprint concluante. «Je ne ressens ni douleurs, ni tiraillements.»

Or, quand il est à 100%, l'Américain n'a pas grand-chose à envier aux deux Jamaïcains sur le plan chronométrique, puisqu'il a couru en 9 sec 77 aux sélections américaines, à cinq centièmes du record de Bolt (9.72) et trois de l'ancienne marque mondiale établie par Powell (9.74) en septembre dernier.

Des temps qui n'auront pas forcément d'importance à l'heure de la finale regardée par plusieurs centaines de millions de téléspectateurs samedi à 22h30 (10h30 HAE), estime Gay.

«Normalement l'homme le plus rapide du monde, le détenteur du record du monde, devrait être le favori, mais je me soucie guère d'être le favori ou un outsider, car la clé, c'est de gérer la pression», a-t-il souligné.