La plongeuse Émilie Heymans s'est déjà pointée au village olympique même si elle n'entrera en action aux Jeux de Pékin que la semaine prochaine, pour une seule épreuve de surcroît. C'est tout un contraste par rapport aux Jeux d'Athènes, il y a quatre ans, où elle avait été l'athlète la plus occupée du Canada, en prenant part aux quatre épreuves féminines de plongeon. Pas étonnant donc que si on lui en accordait le pouvoir, elle devancerait le concours à la plate-forme.

«L'épreuve au 10 mètres est habituellement la première d'une compétition de plongeon, a fait remarquer Heymans, lundi. Moi, je serais prête à plonger tout de suite. J'ai fait à l'entraînement tout ce que je pouvais afin d'être à mon mieux et je suis confiante.»

L'athlète âgée de 26 ans va devoir prendre son mal en patience. Si elle est arrivée tôt, ce n'est pas pour vivre la «magie des JO», elle qui en est à sa troisième présence aux Jeux d'été. Mais plutôt pour finaliser sa préparation et s'adapter à son nouvel environnement, qu'elle connaît quand même un peu puisqu'elle a pris part à une compétition au Cube d'eau, en février.

Quatre années, c'est vite passé. Mais dans le cas de la «Belge blonde» de Saint-Lambert, plusieurs événements les ont marquées.

«Beaucoup de choses ont changé depuis Athènes, a-t-elle souligné. Je n'ai plus le même entraîneur. Et la relation que j'ai avec mon entraîneur actuel est très différente. Là-bas, j'ai participé à quatre épreuves. Ici, je peux me concentrer sur une seule. Je suis plus mature qu'il y a quatre ans.»

Heymans en minimise l'importance, mais le divorce professionnel d'avec Michel Larouche, en plein coeur des Mondiaux aquatiques de Montréal en 2005, n'est pas étranger au cheminement qu'elle a fait sur le plan personnel. L'approche plus ouverte de Yi Hua Li, basée sur une relation d'amitié, colle mieux à sa personnalité.

«Il existe une grande différence, a déclaré Heymans. On a développé une très bonne entente. On forme une équipe, on prend toutes les décisions ensemble. C'est ce qu'il me fallait.»

Yi Hua, du club de Pointe-Claire, a avancé que Heymans a surtout gagné en confiance au cours des trois dernières années.

«Émilie a une meilleure estime d'elle, elle s'est épanouie, a-t-elle mentionné. Au début, elle était renfermée. On communique beaucoup ensemble, on est comme des amies. Dès que je vois que quelque chose cloche, on en parle. C'est la philosophie que je préconise. Je ne suis qu'une entraîneure, je laisse la place aux athlètes.»

Depuis qu'elle a été sacrée championne du monde à la tour à Barcelone, en Espagne, en 2003, Heymans a été incapable de remonter sur le podium en solo, à l'occasion de grands rendez-vous sportifs. À Athènes et à Montréal, elle a pris le quatrième rang. Aux Mondiaux de l'an dernier, elle a terminé cinquième. La chance lui sourira-t-elle cette fois?

«L'objectif que j'ai en tête est de faire cinq très bons plongeons en finale. Si je suis capable de faire ça, (obtenir) un podium devient réaliste», a-t-elle répondu.

«On vise une médaille, a renchéri Yi Hua. La compétition va être ouverte, plusieurs filles peuvent prétendre au titre. Il y a les Chinoises, une Mexicaine, une Australienne. Si Emilie plonge comme elle peut le faire, ses chances seront réelles.»

Pincement au coeur

En attendant, la double médaillée olympique d'argent (Sydney, 2000) et de bronze (Athènes, 2004) en synchro va avoir un pincement au coeur en se pointant au Centre aquatique, mardi, afin d'assister à l'épreuve en duo à la plate-forme.

«C'aurait été plaisant d'être de la partie», a-t-elle admis, en forçant un sourire.

Heymans et Marie-Ève Marleau ont été coiffées par les jeunes Roseline Filion et Meaghan Benfeito lors de la compétition de qualification canadienne. L'aspect positif de ce revers de fortune, c'est qu'elle peut centrer tous les efforts sur l'épreuve individuelle.

«Le temps que je passais en synchro, je le consacre à l'épreuve individuelle, a dit Heymans. Même si on fait les mêmes plongeons, ce n'est quand même pas tout à fait pareil. Ça maximise ma préparation pour l'épreuve solo. La compétition va être relevée, mais je suis prête, bien entraînée. Il va falloir compter sur les Chinoises, évidemment, mais il n'y aura pas qu'elles.»