Soixante ans après leur dernière participation, les basketteurs iraniens font à Pékin leur retour aux jeux Olympiques: une aventure sportive qui se poursuit également en coulisses.

Alors que le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a appelé à «rayer» Israël de la carte et que, régulièrement dans des compétitions internationales, des athlètes iraniens refusent de se mesurer à des concurrents israéliens, rien de tel dimanche au tournoi de basket.

Après une première défaite face aux Russes, Nikkhah Bahrami et Hamed Ehadadi, deux joueurs de la sélection iranienne, ont accepté avec plaisir la poignée de main de David Blatt, entraîneur israélo-américain de la Russie.

«On est là pour jouer au basket, pas pour faire de la politique», tranche le capitaine Nikkhah Bahrami, qui a eu la douleur de perdre récemment son frère, également un pilier de l'équipe nationale, dans un accident de voiture.

Il n'empêche que la politique n'est jamais très loin. Les JO ont même fourni un prétexte idéal pour rapprocher, à travers le basket, l'Iran des États-Unis avec lequel il n'entretient plus de relations diplomatiques depuis 1980.

En juillet, la sélection iranienne, en guise de préparation aux JO, a ainsi fait une tournée dans le pays du «Grand Satan» sur invitation de la NBÀ et du département d'État américain. Les champions d'Asie ont passé une semaine dans l'Utah où ils ont disputé quatre matches amicaux face à des équipes réserve des Utah Jazz et des Dallas Mavericks.

«Dans un monde de plus en plus turbulent, c'est gratifiant qu'une chose aussi simple qu'un match de basket puisse réunir les gens et promouvoir l'entente», avait alors souligné le patron de la NBA, David Stern.

Un Iranien en NBA?

Nikkhah Bahrami se souvient avec émotion du voyage où à la mi-temps d'un des matches, les hôtes lui avaient offert, à lui et à sa mère, un maillot floqué au nom de son frère disparu. «Un geste inoubliable», selon lui.

À Pékin aussi, les basketteurs iraniens, dont les chances de franchir le premier tour sont a priori nulles, profitent de l'occasion pour se rapprocher des autres athlètes, notamment de leurs idoles de la NBA.

«J'aurais adoré les affronter dans le tournoi, malheureusement ils sont dans l'autre poule», soupire le géant (2,18 m) Hamed Ehadadi, qui aurait éveillé l'intérêt de plusieurs équipes NBÀ lors de la récente tournée iranienne aux US.

«La NBA? Ce serait un rêve, mais je n'ai aucune info, je verrais ça après le tournoi», glisse le pivot de 23 ans qui, comme tous ses coéquipiers, évolue dans le Championnat iranien.

«C'est une des meilleures Ligues en Asie, il y a quatre à cinq très bonnes équipes avec beaucoup de joueurs étrangers (dont l'ex-international français Makan Dioumassi). Il y a un potentiel énorme. Pour franchir une nouvelle étape, on aurait maintenant besoin d'envoyer nos propres joueurs dans les Championnats étrangers», explique Nikkhah Bahrami.

Ce qui donnerait un élan supplémentaire à un sport de plus en plus populaire en Iran. «Le football et la lutte restent les sports N.1 mais le basket vient juste derrière. Notre qualification pour les Jeux a suscité un grand intérêt», souligne l'entraîneur de la sélection iranienne, le Serbe Rajko Toroman.