Michael Phelps admet qu'il doit parfois se pincer pour s'assurer qu'il ne rêve pas. «Je suis content d'être dans le monde réel», a-t-il déclaré la semaine dernière.

Quand même, il est parfois difficile de croire que le nageur américain est une créature humaine.

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Phelps a surpassé son compatriote Mark Spitz et son record de sept titres olympiques, ce matin, en conclusion des épreuves de natation des Jeux de Pékin. L'Américain a gagné une huitième médaille d'or en remportant sans surprise le relais 4x100 mètres quatre nages avec ses compatriotes Aaron Peirsol (dos), Brendan Hansen (brasse) et Jason Lezak (crawl).

«Le plus important, c'est que rien n'est impossible, a dit Phelps après la course, peu avant de monter étreindre sa mère et ses deux soeurs dans les gradins du Cube d'eau, sa médaille au cou. Il y a tellement de gens qui disaient que ce ne pouvait être fait. Tout ce qu'il faut, c'est de l'imagination.»

Les États-Unis ont devancé l'Australie et le Japon. Le chrono de 3:29.34 permet à Phelps d'établir un septième record mondial en huit épreuves.

Phelps, 23 ans, détient maintenant une collection de 16 médailles olympiques, 14 d'or et deux de bronze. Il devient le plus grand médaillé masculin de l'histoire olympique, devançant le gymnaste soviétique Nikolaï Andrianov.

Le record de 18 médailles appartient Larisa Latynina, une autre gymnaste soviétique. Phelps risque fort de la dépasser aux prochains Jeux, à Londres, où il devrait disputer davantage d'épreuves de sprint.

La chevauchée de Phelps à Pékin n'a pas été sans obstacles.

D'entrée, il a pleuré après le dernier 400 m quatre nages de sa carrière. Le lendemain, il est devenu le troisième performeur de l'histoire sur 100 m libre à titre de premier relayeur du 4x100 m. Lezak a sauvé les meubles in extremis en profitant de la vague de l'immense Français Alain Bernard, qui n'a pas eu la présence d'esprit de se décoller du câble.

Au 200 m papillon, son épreuve fétiche, Phelps, les lunettes remplies d'eau, a dû nager à l'aveugle pendant la majorité de la course. Le lendemain, il lançait les siens en orbite en prenant plus de deux secondes à tous ses adversaires sur le premier relais du 4x200 m.

Après sa seule matinée sans finale, il a donné une leçon de virage au Hongrois Laszlo Cseh à mi-chemin du 200 m quatre nages.

Au 100 m papillon, sa dernière épreuve individuelle, la fusée de Baltimore a failli défoncer le mur sur une touche qui passera à l'histoire. La reprise vidéo semblait a priori donner la victoire au Serbe Milorad Cavic, mais une contestation officielle de la Serbie a été rejetée.

Un détail important: Phelps a sans doute réussi son pari fou grâce à la gestion de son énergie en préliminaires et en demi-finales. Jamais trop, juste assez. En fait, tout ça a été réglé au quart de tour dans le bureau de l'entraîneur Bob Bowman à l'Université du Michigan. Même les raccourcis dans la zone d'entrevues avaient été planifiés. Le nageur comptait ses pas.

En résumé, 17 courses, 3300 mètres, sept records du monde et huit médailles d'or. Sans compter les étirements, les exercices et les centaines de longueur dans le bassin d'échauffement. Fais de beaux rêves, Michael.

Avec la collaboration de Jean-François Bégin