Le président géorgien Mikheïl Saakachvili a demandé samedi à ses athlètes engagés aux jeux Olympiques de Pékin de poursuivre les compétitions, et de lutter pour l'honneur de leur pays, malgré la guerre en Ossétie du Sud.

Dans les jours à venir, des sportifs géorgiens vont côtoyer leurs homologues russes, alors que les armées de leurs pays se livrent des combats sanglants dans la province séparatiste. Dès mercredi, un match de beach volley féminin, où s'affrontent des équipes de deux joueuses, opposera la Russie à la Géorgie.

«Evidemment nous jouerons ce match», a assuré à l'AFP le porte-parole de la délégation olympique géorgienne Guiorgui Tchanichvili.

Selon lui, il ne sera cependant pas question de trahir l'esprit sportif ou les idéaux olympiques. «Nos athlètes vont continuer de participer aux épreuves avec encore plus de passion, encore plus de détermination, pour l'honneur de notre pays. Mais nous ferons preuve de cette passion contre tous nos adversaires, y compris contre la Russie. Rien d'autre. Nous n'aurons aucune réaction agressive ou déplacée».

Samedi, au soir de la première journée de compétition, les officiels géorgiens se sont réunis dans une atmosphère dramatique, collés aux informations en provenance de Tbilissi. Pendant plusieurs heures, ils ont attendu, convaincus de recevoir d'une minute à l'autre l'ordre de quitter les Jeux et de rentrer à Tbilissi.

Officiellement, tous, athlètes et dirigeants, se disaient prêts à accepter ce retour. Dans l'après-midi, la délégation avait même publié un communiqué exprimant sa solidarité avec le gouvernement géorgien, et appelant la communauté internationale à intervenir pour rétablir la paix en Ossétie.

Les sportifs géorgiens y dénonçaient en termes très durs «la stratégie délibérée d'agression» prêtée aux Russes. Et concluaient sur une note d'espoir: «Nous espérons que la colombe qui s'est élevée hier (vendredi lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux) du nid d'oiseau se fraiera un chemin jusqu'au Caucase et restaurera la paix dans la région».

Vendredi, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, avait fait lire un message à la cérémonie d'ouverture pour appeler au respect d'une trêve olympique dans tous les conflits en cours dans le monde.

Finalement, il était deux heures de matin passées à Pékin lorsque le porte-parole de la délégation, très ému, a déclaré: «La Géorgie va rester aux jeux Olympiques».

«L'épouse du président Saakachvili, qui est actuellement à Pékin, est venue au village olympique, a-t-il raconté, et c'est elle qui a annoncé la décision aux athlètes. Le président a dit que ce serait mieux pour le pays que les athlètes restent et défendent ses couleurs».

À la même heure, Tbilissi annonçait que 150 personnes, dont 40 civils, avaient été tuées côté géorgien depuis le début du conflit avec la Russie.

Dans la nuit de Pékin, aucune réaction n'a filtré de la délégation russe.