Il y a un peu plus d'un an, un boxeur de Saint-Hyacinthe montait sur un ring de Bamberg, en Allemagne. Parfait inconnu hors de sa province, il s'apprêtait à se battre contre un des plus durs des durs des poids moyens. Pourquoi? Rien de moins que lui ravir son titre de champion du monde et le ramener chez lui.

En boxe comme ailleurs, les contes de fées sont rares. Et Sébastien Demers n'a pas fait long feu contre Arthur Abraham le 26 mai 2007. Trois rounds pour être exact. Il n'a pas ramené de ceinture non plus, seulement quelques ecchymoses et la volonté de revenir encore plus fort.

«Je ne regrette pas d'y être allé, jure Sébastien Demers, qui a tout de même pu acheter une maison avec sa bourse. Ça m'a fait grandir, surtout toute cette dernière année.»

Au moment de monter dans le ring vers 22h ce soir à la gare Windsor, Demers (25-1, 9 K.-O.) en sera ainsi à son sixième combat depuis sa défaite outre-mer. Six combats en un peu plus de 10 mois, si on exclut les quatre mois de repos qu'il s'est offerts à son retour au pays pour aller dans le Sud et manger de la poutine, blaguait-il à l'époque. Six combats gagnés sans trop de difficulté.

«Mes adversaires étaient quand même bons, à l'exception d'un ou deux moins renommés, dit l'athlète de 28 ans. J'ai aussi beaucoup travaillé au gym, notamment ma force physique par la musculation. Contre Abraham, je n'étais pas assez gros et ça a paru entre les cordes.»

Son combat de ce soir devait justement lui offrir le plus dur adversaire de sa carrière après Abraham. Mais le clan du Colombien Fulgencio Zuniga (20-2-1, 17 K.-O.) s'est désisté cette semaine. Le boxeur se serait fait piquer par un moustique et serait fiévreux selon son manager. Il aurait plutôt eu du mal à atteindre le poids-limite de 160 livres, selon d'autres rumeurs.

Quoi qu'il en soit, l'adversaire s'appelle désormais Dionisio Miranda (19-2-2, 18 K.-O.). Et le duel, qui devait être éliminatoire, - le gagnant serait devenu premier aspirant de l'IBF et donc en droit d'obtenir un combat contre Abraham - ne le sera finalement plus. Cette déconvenue a peiné Demers, qui fait contre mauvaise fortune bon coeur.

«On avait comme stratégie d'y aller lentement pour remonter dans le classement IBF afin d'avoir un autre combat de championnat contre Abraham. Alors le désistement de Zuniga, c'est un bien pour un mal: ça me laisse plus de temps pour m'entraîner et prendre de l'expérience.»

Le changement d'adversaire a obligé Demers à faire «quelques ajustements stratégiques». Un combat en mode K.-O. plutôt qu'en mode survie, suggère le Québécois. Il profitera par ailleurs d'une bonne visibilité, le duel étant diffusé par ESPN2. Sur le site du diffuseur américain, son prénom est écorché: «Sebastian Demers», peut-on y lire, comme pour rappeler qu'il est encore méconnu à l'extérieur du Québec. Mais avec patience et courage, le Maskoutain veut arriver à changer cela.

«Ça va frapper (ce) soir, prévient-il. Je veux mon 10e K.-O. En plus ce sera sur ESPN. On sait que les Américains aiment quand ça se finit avant la limite. Moi, je suis prêt pour!»

Le combat entre Sébastien Demers (25-1, 9 K.-O.) et Dionisio Miranda (19-2-2, 18 K.-O.) sera diffusé ce soir, 23h, sur les ondes de Radio-Canada.