Le Luxembourgeois Frank Schleck est preneur de toutes les idées qui lui permettraient d'effacer son déficit d'une seconde par rapport au leader australien du Tour de France Cadel Evans.

Après 10 étapes et plus de 46 heures passées sur les vélos, les concurrents de la Grand Boucle bénéficiaient d'une journée de repos, mardi, à la sortie de deux étapes pyrénéennes éreintantes. Evans a profité du passage dans le massif montagneux pour s'emparer du maillot jaune pour la première fois de sa carrière.

Plusieurs favoris ont explosé dans le Tourmalet et à Hautacam, réduisant ainsi les rangs des prétendants à la victoire finale sur les Champs-Elysées le 27 juillet.

Les dernières empoignades devraient avoir lieu dans les Alpes la semaine prochaine puis lors du contre-la-montre programmé à la veille de l'arrivée.

Schleck sait qu'il devra être agressif mais ne prévoit pas attaquer mercredi lors de la 11e étape disputée sur 167,5 kilomètres entre Lannemezan et Foix.

«Je ne vais pas rattraper Cadel. Je pense que ça va être une journée à échappées et que les favoris vont s'observer», a déclaré Schleck, mardi, près de la piscine de l'hôtel de son équipe, CSC, aux abords de Pau.

Mais la perspective d'une tentative de prise de pouvoir lui a traversé l'esprit.

«J'y ai pensé, mais je n'ai pas trouvé. Si vous avez d'autres options, je les prends.»

Avant le départ du Tour de France le 5 juillet dernier, Evans avait estimé qu'il avait une bonne chance de succès. Il a fait un grand pas dans ce sens-là, lundi, en prenant le maillot jaune et en creusant l'écart par rapport à l'Espagnol Alejandro Valverde, l'Italien Damiano Cunego et au frère cadet de Schleck, Andy.

Frank Schleck a devancé Evans au sommet à Hautacam et a espéré avoir pris le maillot de leader, qui était jusque-là porté par le coureur luxembourgeois de l'équipe Columbia Kim Kirchen.

«Après deux ou trois minutes, ils ont montré le classement et j'ai vu que mon nom était là, deuxième, s'est souvenu Schleck. Et l'écart était d'une seconde. J'ai dit 'Zut!'. J'avais des larmes aux yeux. C'est agréable d'avoir le maillot.»

Il a aussi été déçu que son frère ne puisse pas suivre le rythme.

«Nous sommes comme des jumeaux, il m'a donné toute sa puissance et il n'en avait plus, a déclaré Schleck. Nous sommes des êtres humains. J'ai connu des mauvais jours et j'en verrai d'autres au cours des prochaines années. Mais c'est la vie, c'est le vélo.»

L'équipe de Schleck, la CSC, est très forte cette année. Elle a de nombreux atouts pour contrer Evans et la dernière étape dans les Alpes s'achèvera à l'Alpe d'Huez, où Schleck a gagné en 2006.

De son côté, Evans devrait garder un oeil sur un autre coureur de la CSC, l'Espagnol Carlos Sastre, lui aussi un très bon grimpeur. Sastre est sixième au général, à 1:28 de l'Australien.

«Bien sûr que Cadel a peur. Enfin, peur, comprenons-nous bien, a poursuivi Schleck. Il doit penser à ça et se demander comment il va le gérer. Cadel n'a jamais été un coureur agressif. S'il gagne le Tour, ce sera parce qu'il est bon en contre-la-montre. Mais c'est suffisant, c'est un grand champion.»

Selon le Luxembourgeois, au sein de la CSC seuls Sastre et lui peuvent encore penser au maillot jaune.

«Et nous ne sommes pas assez bons dans les chronos pour laisser les choses aller. Nous devons être agressifs, c'est évident.»

Avant le Tour, Evans, deuxième du Tour l'an passé à 23 secondes d'Alberto Contador, avait estimé que son plus grand rival était le Russe de la Rabobank Denis Menchov. Vainqueur de la dernière édition de la Vuelta, il occupe la 5e place, à 57 secondes de l'Australien.