Audrey Lacroix n'aura plus à se demander si sa voisine de couloir bénéficie d'un avantage technologique. Après des semaines d'attente, la nageuse de Pont-Rouge a enfin mis la main sur une combinaison supersonique Speedo à sa taille.

Au grand dam de Lacroix, l'équipementier de Natation Canada avait éprouvé toutes sortes d'ennuis à lui trouver un maillot LZR Racer adapté à sa petite charpente de 5'4 et 112 livres. Le problème a été résolu il y a une semaine lors du camp de l'équipe olympique à Singapour. Devant l'impossibilité de lui dénicher une combinaison à sa mesure dans les tailles américaines (24, 26, 28, etc.), Speedo s'est tourné vers le modèle «petit» de la version asiatique. Ouf, ça faisait.

Traditionnellement équipée par TYR, un fabricant californien, Lacroix aura maintenant l'option d'enfiler la combinaison LZR, qui a mené à la réécriture du livre des records depuis son lancement en février.

Le premier essai avec la fameuse combinaison hyper ajustée ne s'est toutefois pas fait sans heurt. Dès que Lacroix s'est penchée, la fermeture-éclair s'est ouverte, un problème fréquemment rencontré par d'autres nageurs il y a quelques mois. «On s'est dit: Ah non! Pas vrai», a raconté hier l'entraîneur Claude St-Jean, rappelant les nombreuses mésaventures de sa nageuse avec la taille des maillots de bain. «Heureusement, on l'a refermé, et là, ça a tenu.»

Le clan Lacroix doit maintenant décider de la combinaison à utiliser pour ses premières épreuves, les séries du 100 mètres papillon et du 4 X 100 m relais libre, dès samedi soir: le TYR Tracer Rise, un maillot nouvelle génération qu'ils connaissent bien et qui a aussi mené à quelques records, ou le très en vogue Speedo LZR Racer, qu'ils ont peu testé.

«Si la fermeture cède encore, on ne s'obstinera pas longtemps, a lancé St-Jean. Audrey est prête à tout. Dans sa tête, c'est bien clair: ça va nager vite dans l'un ou l'autre des maillots.»

N'empêche, le soulagement est manifeste. «Pour Audrey, c'était plus une question psychologique, a expliqué l'entraîneur du club CAMO. Quand tu vois que toutes les autres ont un maillot et que toi tu ne l'as pas Mais ce n'est pas le maillot qui fait la différence mais bien la fille dans le maillot. Un nageur pas bon dans un LZR, ça reste un nageur pas bon!»

Nonobstant les pépins techniques, le clan penche pour le moment vers le LZR. D'autant que Speedo, dans le cadre de sa commandite avec Natation Canada, offre des bourses que se partageront les meilleurs nageurs de l'équipe. Lacroix avait ainsi touché 6000$ pour ses performances de l'an dernier aux Championnats du monde de Melbourne (cinquième sur 200 m papillon) et aux Universiades de Bangkok (or et record canadien).

Pour le reste, Lacroix est gonflée à bloc depuis son arrivée à Pékin. L'athlète de 24 ans a entrepris sa phase de récupération il y a une dizaine de jours et Claude St-Jean est impressionné par ce qu'il voit sur son chronomètre. «Ce qu'elle fait est meilleur que l'an dernier, a-t-il affirmé. On ne contrôle pas ce qui va passer lors des journées de course, mais à date, elle est sur le piton.»

Le 100 m papillon de samedi sera une façon de briser la glace pour la Québécoise. St-Jean espère la voir se rapprocher de son record canadien de 58,89, qui remonte à plus deux ans. Encore plus important, elle voudra se prouver qu'elle peut contribuer davantage au relais 4 X 100 m quatre nages, qui a pris du galon au cours de la dernière année. Tout ça en attendant le grand rendez-vous de mardi sur 200 m papillon, où Lacroix s'estime en mesure de rivaliser avec les meilleures de la planète.