Lors des Jeux olympiques de Pékin, les projecteurs devraient être braqués sur l'«Hercule iranien», la «Petite Dynamo» turque, ou encore sur l'ambition de la Chine de décrocher 10 médailles d'or, une pour chacun de ses compétiteurs en haltérophilie.

Mais ce sport sera plutôt observé comme un détenu en liberté surveillée le mois prochain, après des scandales qui ont une nouvelle fois terni sa réputation.

La Bulgarie a retiré son équipe entière après que 11 de ses athlètes ont été contrôlés positifs aux stéroïdes, alors que la Grèce dépêchera seulement quatre concurrents après la suspension pour dopage de 11 compétiteurs.

Ces deux pays sont des récidivistes. La Bulgarie, nation phare de l'haltérophilie, a été secouée par un scandale de dopage lors des Jeux de Sydney en 2000, où trois de ses athlètes avaient dû rendre leurs médailles d'or après des contrôles positifs.

A Athènes il y a quatre ans, l'haltérophile grec Leonidas Sampanis avait été privé de sa médaille de bronze dans la catégorie des 62 kilos pour avoir pris une substance interdite.

Les cas récents, qui ne concernent pas des individus isolés mais des groupes, font peser une forte suspicion sur l'ensemble des leveurs de fonte.

«Le scandale qui a éclaté peut signifier la mort de l'haltérophilie en Grèce», estime Vassilis Galoupis, commentateur grec spécialiste du dopage.

L'haltérophilie se priverait volontiers de ressortir avec la réputation d'être le sport olympique le plus atteint par le dopage, en compétition avec le cyclisme.

Si cette discipline nécessite de la technique, la qualité de base requise est de disposer d'une forte puissance musculaire. Les derniers scandales ont conduit à des appels pour le retrait de l'haltérophilie du programme olympique, mais les dirigeants ne veulent pas aller trop vite en besogne.

«L'haltérophilie est un sport de base, déclare Dobor Dezso, porte-parole de la Fédération internationale d'haltérophilie. Il était au programme des premiers Jeux d'Athènes, en 1896. Ces scandales sont décevants, mais je ne crois pas qu'ils entraîneront le retrait de l'haltérophilie du programme».

Hossein Rezazadeh, la vedette iranienne de l'haltérophilie, visera à Pékin une troisième médaille d'or olympique dans la catégorie des plus de 105 kilos.

L'«Hercule» perse avait été impressionnant à Athènes, en soulevant un total de 472,5 kilos à l'arraché et à l'épaulé-jeté.

Le recordman du monde n'est plus apparu en compétition depuis une blessure au genou survenue lors d'un accident de voiture l'an dernier. Il a déclaré le 1er juillet à la télévision d'état que sa «préparation était en bonne voie» pour les Jeux.

Dans la catégorie la plus légère chez les hommes, celle des 56 kilos, le Turc Halil Mutlu essayera de décrocher une quatrième médaille d'or olympique, ce qui serait une première pour ce sport. Surnommé «Petite Dynamo», Mutlu sort de deux ans de suspension pour dopage, après avoir toujours affirmé n'avoir jamais pris de stéroïdes consciemment.

Chez les femmes, la Chine devrait pouvoir glaner l'or dans toutes les catégories.

Chaque nation peut engager un maximum de 10 compétiteurs, six chez les hommes, quatre chez les femmes. Lors des derniers championnats du monde, les Chinoises avaient raflé cinq titres sur sept, plus deux médailles d'argent.

«Dans le milieu, tout le monde le sait, les Chinois sont sur une autre planète. Dans ma catégorie des 48 kilos par exemple, c'est une Chinoise qui va gagner... sauf si elle se fait attraper au contrôle antidopage... mais elle ne se fera pas attraper, témoigne dans 'Sport', le supplément du Journal du Dimanche, la Française Mélanie Noël. Quant à la Turque, je la battais l'an dernier quand j'ai gagné ma médaille de bronze à l'Euro. Aujourd'hui, elle tire dix kilos de plus. C'est trop gros pour être vrai.»