Pour s'assurer sa sélection aux Jeux olympiques de Pékin, l'escrimeur Philippe Beaudry ne l'a pas eu facile. Tellement qu'il a cru à un certain moment qu'il devrait patienter jusqu'en 2012 avant de réaliser son rêve olympique.

«En plein processus de sélection pour les Jeux de Pékin, j'ai connu une très mauvaise saison et cela a ajouté au stress, explique le sabreur de 21 ans. Au mois de mars, avec quelques semaines seulement pour me qualifier, j'ai commencé à paniquer. J'avoue que je me suis mis à douter.»

Pour ajouter de la pression, Beaudry s'est retrouvé bien malgré lui au coeur d'un imbroglio sur l'identité du sabreur canadien qui serait autorisé à prendre part à l'épreuve de sélection olympique de la zone panaméricaine.

Quand Beaudry s'est finalement présenté à Queretaro, au Mexique, pour l'épreuve de sélection à la fin avril, la tension était vive et il n'avait pas droit à l'erreur.

«Ce jour-là, j'ai réussi la compétition de ma vie. J'ai tiré comme si c'était une journée sans lendemain» ajoute celui qui a remporté le tournoi.

Et il estime que cette expérience lui sera très précieuse en prévision des Jeux de Pékin, où ses ambitions sont grandes.

«Je vais à Pékin pour gagner l'or, dit-il le plus sérieusement du monde. Je ne figure pas parmi les favoris du tournoi. J'occupe présentement le 45e rang mondial mais cela m'enlève de la pression. Personnellement, je sais que je suis capable de battre les meilleurs. D'ailleurs, j'en ai déjà vaincu par le passé.»

De façon plus réaliste, Beaudry ajoute qu'un top 8 «serait évidemment très satisfaisant».

Son entraîneur Jean-Marie Banos le voit plutôt parmi les 16 meilleurs à Pékin.

«La plus grande qualité de Philippe, c'est qu'il est très créatif sur la piste. Mais il a seulement 21 ans et il a encore beaucoup à apprendre pour ce qui est du répertoire de jeu.»

Une affaire de famille

Il n'est guère étonnant que l'escrime se soit imposé chez Beaudry. Son père, Paul Beaudry, a fait partie de l'équipe nationale de 1975 à 1980 et il aurait participé aux Jeux olympiques de Moscou en 1980 n'eut été du boycott du Canada.

«Mes parents se sont aussi rencontrés grâce à l'escrime. Par un concours de circonstances, mon père s'est retrouvé instructeur d'escrime à l'Université de Montréal où ma mère avait décidé de prendre le cours. Elle l'a touchée directement au coeur», raconte Beaudry avec amusement.

Ses frères, Vincent et François, ont aussi pratiqué le sport et ce sont eux qui lui ont donné le goût de le pratiquer.

Philippe a commencé l'escrime à l'âge de 13 ans à son retour au Canada. Le travail de son père avait amené la famille à vivre au Liban pendant quelques temps.

«Mes frères et moi, nous sommes revenus au pays pour un an. Au pensionnat, j'ai d'abord essayé le basketball mais ça n'a pas fonctionné. Avec l'escrime, j'ai immédiatement eu la piqûre. Les aspects tactique et technique du sport me passionnent» souligne Beaudry, aux yeux de qui les exigences de l'escrime se comparent à courir un 100 mètres tout en disputant une partie d'échecs.

«Le sport s'est révélé une merveilleuse école. L'escrime m'a appris la discipline, l'organisation, le respect, l'auto-dépassement et la persévérance.»

Étudiant à l'École de gestion John-Molson de l'Université Concordia, Beaudry estime important de s'impliquer dans la promotion du sport auprès des jeunes.

«Je me souviens qu'en 6e année à l'école primaire, un joueur de l'Impact était venu pour s'entretenir avec nous. Cette rencontre a été déterminante pour moi. Personnellement, je tente de redonner aux jeunes ce que le sport m'a apporté.»