Ils s'appellent Bernard (Lagat le Kényan), Leonel (Manzano le Mexicain) et Lopez (Lomong le Soudanais) et ils forment le trio de choc du 1500 m américain aux jeux Olympiques de Pékin, en août, après avoir réussi brio leur premier examen aux sélections d'Eugene.

«Nous venons de cultures différentes, mais sommes unis par l'Amérique. Maintenant, nous sommes devenus des équipiers, nous travaillons dur pour représenter dignement notre nouvelle patrie», a affirmé Lomong.

«Nous avons toujours rêver de ce pays et maintenant nous allons porter ses couleurs avec fierté. C'est comme dans un rêve. Je ne réalise pas encore vraiment», a ajouté Lopez Lomong, qui avait fui un camp de réfugiés soudanais à la recherche d'une vie meilleure.

Pour Lagat, double champion du monde des 1500 et 5000 m, ce sont les études qui l'avaient amené à quitter son Kenya natal et ses hauts plateaux.

«C'est très spécial. Nous sommes maintenant Américains et fiers de l'être. Nous avions entrepris notre long voyage pour différentes raisons. Maintenant, nous nous battons pour le même pays», a de son côté reconnu Lagat, qualifié sur ses deux distances favorites à Pékin.

«C'est vraiment particulier. Et c'est pour cela que l'Amérique reste l'Amérique. Nous allons concourir pour les États-Unis et serons fiers de porter les couleurs rouge-blanc-bleu», a ajouté Lagat, toujours en quête de l'or olympique après avoir conquis, sur 1500 m, la médaille de bronze à Sydney (2000) puis celle d'argent d'Athènes (2004) sous les couleurs... kényanes!

Fuite dans le désert

«Pour moi, le rêve est devenu réalité», poursuit Lagat. «C'est le pays de toutes les opportunités. Je peux mettre toutes mes capacités athlétiques au service de mon pays et je n'en représente aucun autre».

Lomong avait été enlevé dans son village soudanais à l'âge de six ans par les milices Janjawids mais il s'était enfui et avait couru pendant trois jours dans le désert pour rejoindre le Kenya où il avait été conduit dans un camp de réfugiés.

Depuis 2003, les forces soudanaises appuyées par les milices arabes Janjawids luttent contre des mouvements rebelles du Darfour. Le conflit a fait plus de 300 000 morts et entraîné le déplacement de 2,2 millions de personnes, selon l'ONU. Khartoum parle de quelque 10 000 morts seulement.

«C'est un rêve qui s'est réalisé», a affirmé Lomong. «Il y a sept ans, je n'aurais même pas pu imaginer courir pour les États-Unis aux jeux Olympiques et voilà, j'y suis», a-t-il dit, tout en se déclarant choqué d'apprendre qu'aucun des sélectionnés pour le 1500 m n'était né aux Etats-Unis.

Manzano a aussi fait part de son étonnement sur ce point. «Nous voulons tous être ici, pour démarrer une nouvelle vie. Avoir l'opportunité de concourir pour les États-Unis, c'est vraiment le rêve américain».